Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a annulé in extremis mercredi une venue controversée au sommet africain de Syrte, en Libye, où Mouammar Kadhafi disposait de trois jours pour convaincre ses pairs d'avancer sur la voie d'un «gouvernement africain».

Le 13e sommet de l'Union africaine (UA) s'est ouvert en milieu de journée dans une ambiance apaisée par l'absence de M. Ahmadinejad, qui avait été invité par le «Guide» libyen à un second séjour officiel à l'étranger depuis sa réélection contestée, après sa participation le 16 juin à Ekaterinbourg (Russie) au sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS).

Certaines des 53 délégations de l'UA n'avaient pas caché leur embarras en apprenant cette invitation impromptue, craignant qu'elle apparaisse comme une «provocation» envers notamment des Occidentaux.

L'annulation de la venue de l'Iranien a été annoncée mercredi matin à Téhéran sans explication.

Autre revers apparent pour Kadhafi, le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi -convié en tant qu'hôte du prochain G8- a également annulé sa visite à la dernière minute, officiellement en raison de la catastrophe ferroviaire de Viareggio dans le nord-ouest de l'Italie.

Mais l'invité d'honneur du sommet, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, était bien là.

Il a promis aux pays africains de les aider à réaliser leur «révolution verte» et plaidé pour le développement des biocarburants, alors que le thème officiel du sommet est l'agriculture.

M. Lula a souhaité une coopération sud-sud accrue «comme force d'attaque contre les iniquités qui persistent dans l'ordre mondial».

De son côté, le dirigeant libyen a appelé au rattachement des îles Caraïbes à l'Union africaine, estimant que «ces pays étaient plutôt africains». Mais, contrairement aux attentes, il n'a pas fait de discours d'ouverture, se limitant à faire quelques remarques de temps à l'autre.

Il entend profiter de ce sommet pour forcer la voie à la création d'une «Autorité» africaine aux pouvoirs exécutifs élargis, qui constituerait à ses yeux une avancée majeure vers les «États-Unis d'Afrique» dont il a fait sa priorité absolue malgré les réticences de certains pays.

Une vingtaine de chefs d'État africains n'ont pas fait le déplacement à Syrte, parmi lesquels quelques «poids lourds» du continent comme l'Egyptien Hosni Moubarak ou le Nigérian Umaru Yar'Adua.

Le président de la Commission de l'UÀ Jean Ping a dressé devant les dirigeants africains un tableau sans concession de la situation sur le continent.

Il s'est alarmé de la «la multiplication de graves tensions politiques et de conflits persistants en Afrique». Il a cité Madagascar, la Guinée Bissau et le Niger, mais a réclamé aux chefs d'État «une attention toute particulière» pour la Somalie où le gouvernement de transition est menacé par l'avancée des islamistes radicaux.

Le sommet, prévu jusqu'à vendredi, se tient dans un gigantesque centre de conférences construit à 500 km à l'est de Tripoli entre la Méditerranée et le désert, dans la région natale de M. Kadhafi.

Les couloirs y sont tellement longs qu'une jeep y est garée à l'intérieur pour transporter le «Guide» sur d'épais tapis rouges.

Autoproclamé «roi des rois traditionnels d'Afrique», M. Kadhafi avait été élu en février pour un an à la présidence de l'UA. Au pouvoir depuis 40 ans, il peut aussi se targuer du titre de doyen des chefs d'État africains, qui lui est revenu après la mort début juin du président gabonais Omar Bongo Ondimba.