Une frêle adolescente de presque 13 ans, Bahia Bakari, fait déjà figure de miraculée sauvée des eaux et de l'épuisement, seule rescapée pour l'heure du crash d'un Airbus A310 de la compagnie Yemenia au large des côtes comoriennes.

Elle était mercredi soir dans l'avion du Secrétaire d'État français à la Coopération Alain Joyandet pour être hospitalisée à Paris dès jeudi matin.

Apparemment unique survivante sur les 153 personnes à bord de l'Airbus de la compagnie nationale yéménite, elle est sortie légèrement blessée de l'accident, victime d'une fracture de la clavicule et de brûlures au genou après avoir passé plusieurs heures dans l'eau, agrippée à un débris de l'appareil.

L'adolescente, qui fêtera ses 13 ans le mois prochain, avait embarqué avec sa mère à Marseille, où une importante communauté comorienne est implantée, pour ses vacances d'été. Peut-être allait-elle séjourner dans le village de Nioumadzaha dont elle est originaire, dans le sud-est de la Grande Comore, une des trois îles de cet archipel pauvre de l'océan Indien.

Mais après avoir été transférée à Sanaa dans un autre appareil pour le reste du trajet, à l'instar des 141 autres passagers, elle a vu l'avion dévier de sa trajectoire après une première tentative d'atterrissage et s'abîmer en mer à plusieurs kilomètres des côtes comoriennes, selon le récit de plusieurs témoins.

«Elle n'a rien senti, elle s'est trouvée dans l'eau et elle a entendu des gens parler. Elle ne voyait personne dans la nuit. Elle est restée accrochée sur je ne sais pas quoi. Elle m'a dit qu'on l'avait éjectée. À partir de là elle s'est trouvée à côté de l'avion, elle n'était pas à l'intérieur», a relaté son père Kassim Bakari sur la radio RTL.

La suite est racontée par un sauveteur qui décrit comment il avait aperçu la jeune fille, nageant dans une mer mauvaise au milieu de corps et de débris.

«On a essayé de jeter la bouée, elle n'a pas pu prendre la bouée, j'ai dû sauter pour la récupérer. Elle tremble, elle tremble. On lui a mis quatre draps, on lui a donné de l'eau chaude et sucrée, on lui a simplement demandé le nom, le village. On va l'emmener à l'hôpital d'urgence», a-t-il dit.

«C'est une fille très très timide. Je n'aurais jamais pensé qu'elle allait s'en sortir comme ça. Je ne peux pas dire que c'est un miracle, je peux dire que c'est le bon Dieu qui l'a voulu», a estimé son père. «J'ai envie de la revoir là parce que j'imagine à cette heure-ci elle se trouve toute seule», a-t-il regretté.

De fait, M. Bakari devrait retrouver sa fille rapidement, M. Joyandet, venu à Moroni pour quelques heures, avait annoncé son rapatriement dans son avion.

«Elle a fait signe à un bateau qui passait, qui a pu la récupérer. Elle a montré une force physique et morale incroyable», avait-il ajouté.

L'adolescente, acheminée en ambulance de l'hôpital El Maarouf de Moroni jusqu'au tarmac de l'aéroport, était installée dans l'avion ministériel qui a décollé à 21H20 (14H20 HAE) pour Paris.

«La petite Bahia est installée (dans l'avion) (...) Les médecins considèrent qu'il n'y a pas de problème pour la rapatrier», déclarait M. Joyandet à l'AFP peu avant le décollage.

Claire Ali, la tante de la rescapée a exprimé aux journalistes en région parisienne l'«espoir» de voir sa soeur, la mère de la jeune fille, vivante.

Les recherches continuent avec d'importants moyens français et américains pour épauler les secours comoriens.