Les Bissau-Guinéens ont voté dimanche dans le calme pour élire un nouveau président de la République dans un climat de tension marqué par une série d'assassinats, à commencer par celui du chef de l'État Joao Bernardo Vieira tué début mars par des militaires.

Les opérations de vote ont débuté peu après O7H00 (03H00 et locale) pour s'achever, sans qu'aucun incident notable ne soit signalé, 10 heures plus tard dans les quelque 2700 bureaux de vote de ce pays de 1,3 million d'habitants.

Le dépouillement, entamé immédiatement après la fermeture des bureaux de vote, devait se poursuivre toute la nuit. Les résultats provisoires sont attendus dans les prochains jours.

«Le taux de participation dans les bureaux de vote qu'on a visités était moins élevé qu'aux élections législatives» de décembre 2008 (82%), a déclaré le chef de la mission des observateurs de l'Union européenne (UE) Johan Van Hecke.

Il n'a toutefois pas donné de chiffre.

«La pluie (tombée notamment sur Bissau) a joué un rôle mais ce n'est pas le seul facteur» de cette participation moins élevée, a ajouté M. Van Hecke dont la mission était composée de 21 observateurs «déployés dans toutes les régions et qui ont visité 80 bureaux de vote» sur près de 2700 pour tout le pays.

Trois favoris, tous d'anciens chefs d'État, se détachent parmi les onze candidats en lice pour ce scrutin censé apporter la stabilité dans cette ancienne colonie portugaise d'Afrique de l'Ouest, classée parmi les plus pauvres du monde, et qui souffre d'une instabilité chronique depuis 10 ans.

Il s'agit de Malam Bacaï Sanha (1999-2000) du Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC, ex-parti unique, majoritaire à l'Assemblée nationale), Kumba Yala (2000-2003) du Parti de la rénovation sociale (PRS), et Henrique Rosa (2003-2005), un indépendant.

«Cette élection est un pas important pour construire la stabilité» en Guinée-Bissau, a déclaré à la presse le président intérimaire, Raimundo Pereira, après avoir voté dans un quartier de la périphérie de Bissau.

Malam Bacaï Sanha, qui a voté à Bissau, a déclaré que «cette élection marque une nouvelle étape pour permettre à la Guinée-Bissau de retrouver sa place, de respect et de dignité, dans la communauté internationale».

L'enjeu de l'élection est de «sortir la Guinée-Bissau de la crise profonde, une crise institutionnelle, de la société et des valeurs», a souligné Henrique Rosa après avoir voté à Bissau.

Kumba Yala habillé d'un costume bleu-marine et portant son traditionnel bonnet de laine rouge, a voté à Gabù (200 km de Bissau). Il a promis «des réformes profondes dans l'appareil de l'État» et de mettre «un terme aux assassinats».

Le vote est à bulletin unique. Sur le document figurent les photos de treize candidats dont celles de Baciro Dabo, ex-ministre de l'Administration territoriale, tué le 5 juin par des militaires, et de Me Pedro Infanda, un indépendant qui s'est retiré de la course après ce meurtre.

L'ex-ministre de la Défense, Helder Proença, avait aussi été assassiné le 5 juin, le même jour que M. Dabo, par des militaires qui les soupçonnaient de préparer un coup d'État.

Début mars, le président Vieira avait été sauvagement tué par des militaires, quelques heures après l'assassinat du chef d'état-major de l'armée, le général Batista Tagmé Na Waïe, dans un attentat à la bombe à Bissau.

En plus d'une instabilité politique chronique, le pays est ces dernières années devenu une plaque tournante du trafic de cocaïne d'Amérique latine vers l'Europe, selon l'ONU.