La Russie est prête à investir «des milliards de dollars» dans le secteur du pétrole et du gaz au Nigeria, un «partenaire clé» de la Russie, a déclaré mercredi soir le président russe Dmitri Medvedev, au terme d'une visite de quelques heures.

A l'occasion de sa première visite dans le pays le plus peuplé d'Afrique, les deux pays ont signé des accords dans les domaines du gaz et du nucléaire civil.

Le groupe russe Gazprom a notamment conclu un accord de coopération avec la Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC) qui lui donne accès aux réserves de gaz nigérianes, parmi les plus importantes du monde. Les deux sociétés ont ainsi créé une co-entreprise à 50/50, baptisée Nigaz.

Le patron de la NNPC, Mohamed Barkindo, a indiqué que la Nigaz allait commencer à travailler «immédiatement» et dans tous les domaines: exploration, production, transformation, marketing.

Après des entretiens avec son homologue nigérian Umaru Yar'Adua, le président russe a estimé que «les perspectives de coopération sont très bonnes et que les investissements russes potentiels dans le secteur de l'énergie pourraient se chiffrer en milliards de dollars».

«Les bases de notre coopération pour les années à venir ont été mises en place aujourd'hui», a commenté M. Medvedev.

Pour le président Yar'Adua, la signature de ces accords «constitue une grande occasion» de faire avancer des projets en matière d'énergie, parmi lesquels celui d'un gazoduc trans-Sahara qui permettrait au Nigeria d'exporter son gaz vers l'Europe.

Boris Ivanov, le patron de Gazprom International qui acccompagne M. Medvedev dans sa tournée africaine, a d'ailleurs annoncé mercredi que sa compagnie allait construire à partir de 2010 un gazoduc de 360 kilomètres pour près d'un demi-milliard de dollars à partir du sud du Nigeria, qui pourrait à l'avenir être le premier tronçon de ce gazoduc trans-saharien, s'il voit le jour.

«L'Europe non seulement est au courant des plans de Gazprom, mais elle en est préoccupée», a-t-il ajouté devant des journalistes. «Celui qui contrôle les vannes est le roi», a-t-il souligné.

Le Nigeria pourrait attirer «un nombre croissant d'investissements directs» de Russie si Gazprom décroche un contrat pour y construire un nouveau gazoduc, estime Samir Gadio, un analyste à Moscou pour la banque d'investissement Renaissance Capital.

Moscou et Abuja se sont décrits mercredi comme des «partenaires naturels» dans le domaine de l'énergie. M. Medvedev a notamment rappelé devant la presse que le Nigeria et la Russie étaient à l'origine de la création du forum des pays exportateurs de gaz sur le modèle de l'OPEP pour le pétrole et que les deux pays collaboreraient dans ce domaine à l'avenir.

«Il est nécessaire de développer une coopération dans ce domaine pour obtenir une sécurité énergétique globale», a-t-il poursuivi.

«Le Nigeria est un partenaire clé avec lequel nous voulons développer nos affaires», a encore déclaré le président russe.

Côté nucléaire, on précise de source nigérian que l'accord conclu est avant tout destiné à la production d'électricité, une denrée rarissime au Nigeria: actuellement moins de 3 000 mégawatts pour plus de 140 millions d'habitants. A titre de comparaison, l'Afrique du Sud, trois fois moins peuplée, produit environ 43 000 mégawatts.

Sur le nucléaire civil, le patron de la société publique Rosatom, Sergueï Kirienko, a indiqué que les deux pays «étaient convenus de la nécessité de créer les conditions» pour un tel partenariat. Selon lui, l'accord signé permettra la construction d'un réacteur expérimental et la formation de techniciens.

Jeudi M. Medvedev continuera sa tournée africaine en Namibie et en Angola, respectivement gros producteurs d'uranium et de pétrole, avec comme objectif d'étendre la présence économique russe en Afrique.