Des dirigeants d'Afrique australe, réunis samedi à Johannesburg lors d'un sommet consacré à la crise politique à Madagascar, ont appelé les parties à «s'engager à une résolution négociée pacifique», quatre jours après la suspension des pourparlers intermalgaches.

Le sommet extraordinaire de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC) «a appelé toutes les parties à s'engager à une résolution négociée pacifique et à s'abstenir de recourir à des solutions violentes (...) qui pourraient saper les efforts en cours pour ramener l'ordre constitutionnel», selon le communiqué final publié dimanche.

Au terme d'un sommet de douze heures qui a réuni cinq chefs d'État sur les 15 pays membres de l'organisation, le bloc régional a décidé de «promouvoir activement le dialogue» à Madagascar notamment entre le nouvel homme fort du pays, Andry Rajoelina, et le camp du président Marc Ravalomanana contraint de quitter le pouvoir le 17 mars.

Lors de son précédent sommet consacré à Madagascar, fin mars, la SADC avait envisagé de recourir à d'«autres options», sous-entendu notamment militaires, au cas où M. Ravalomanana ne reprenait pas ses fonctions. La SADC avait aussi suspendu la Grande-Ile de ses instances.

Les Nations unies ont «salué» dimanche «le changement de cap de la SADC et le soutien qu'elle a décidé d'apporter au processus politique». «La SADC a pris beaucoup de bonnes décisions», a encore dit à l'AFP l'émissaire de l'ONU à Madagascar, Tiébilé Dramé, présent à Johannesburg en marge du sommet.

Interrogé par l'AFP, l'entourage de M. Ravalomanana a refusé de faire le moindre commentaire sur les décisions prises par la SADC, qui apparaissent comme un revers pour lui.

Le 10 juin, il avait en effet estimé que «toutes les options, y compris une intervention militaire», devaient être étudiées pour «restaurer l'état de droit» dans son pays. Deux jours plus tôt, le Marché commun d'Afrique du Sud et de l'Est (Comesa), qui rassemble 20 pays, avait évoqué la possibilité d'une «intervention militaire» sur la Grande-Ile.

Contrairement à ce qui avait été annoncé par son entourage et le ministère sud-africain des Affaires étrangères, M. Ravalomanana, qui vit actuellement en exil en Afrique du Sud, ne s'est pas exprimé au sommet samedi, selon une source proche du président évincé.

Il a toutefois eu des entretiens bilatéraux informels avec des participants au sommet, dont les chefs de l'État zimbabwéen Robert Mugabe et tanzanien Jakaya Kikwete, selon la même source.

La SADC a par ailleurs nommé l'ex-président mozambicain Joaquim Chissano à la tête d'une délégation chargée de «mener et coordonner le dialogue entre toutes les parties à Madagascar», selon le communiqué final du sommet.

Cette réunion extraordinaire avait été convoquée quatre jours après la suspension des négociations auxquelles participent notamment des représentants de MM. Ravalomanana et Rajoelina.

Ces pourparlers, menés sous médiation internationale, visent à trouver un accord sur une «charte de transition». Mais ils ont achoppé notamment sur le sort du président évincé et sur la répartition des postes dans un gouvernement de consensus.

Dimanche, l'émissaire de l'ONU a expliqué que la prochaine étape était d'amener les dirigeants de chaque camp à participer personnellement aux négociations. «Il y a déjà un accord sur le principe» de la part des protagonistes, a affirmé M. Dramé, sans pouvoir préciser la date de ces discussions qui devraient avoir lieu en dehors de Madagascar.