Le parlement soudanais a adopté à l'unanimité lundi une loi garantissant la «liberté de la presse» sans toutefois abolir la censure dans ce pays où les journaux sont passés au crible par les services de renseignement avant d'arriver en kiosque.

Le projet initial de réforme de la presse avait soulevé une levée de boucliers puisqu'il imposait des amendes allant jusqu'à 50 000 livres soudanaises (21 500 dollars) aux publications ou les journalistes en infraction -- sans préciser ces infractions -- et accordait au Conseil de presse le pouvoir de fermer des journaux.

Les parlementaires soudanais ont amendé ce projet contesté, en abandonnant l'idée d'imposer des amendes aux journalistes ou aux médias et limitant le pouvoir du Conseil de presse.

Les journalistes ou les médias devront payer une amende fixée par les tribunaux s'ils sont reconnus coupable par la justice de violation de la loi sur la presse.

Le Conseil de presse ne pourra ordonner la fermeture d'un journal pour plus de trois jours à moins d'y être autorisé par les tribunaux.

Une trentaine de titres en arabe et en anglais représentant différentes tendances politiques --communistes, islamistes, pro-gouvernementaux...-- sont publiés chaque jour au Soudan, pays de 39 millions d'habitants partagé entre le Nord majoritairement musulman et le Sud, chrétien et animiste.

La nouvelle loi interdit à la presse «de provoquer une sédition religieuse, ethnique ou raciale, ou d'appeler à la guerre ou à la violence» et force les journaux à respecter les «valeurs religieuses» et «l'éthique publique».

Malgré cette nouvelle loi, les services de renseignement ont toujours le pouvoir de censurer des journaux avant leur publication s'ils jugent qu'il y a menace pour la sécurité nationale.

«Aucune restriction ne doit être imposée à la liberté de la presse, à l'exception des mesures liées au maintien de la sécurité nationale, de l'ordre public et de la santé», souligne la nouvelle loi.

Une refonte de la loi sur la sécurité nationale est actuellement à l'étude et constitue un sujet sensible à l'approche des élections prévues en février 2010.