Le premier ministre mauritanien renversé par le putsch du 6 août et emprisonné depuis six mois, Yahya Ould Ahmed Waghf, a été remis en liberté jeudi après-midi, comme l'avait exigé l'opposition dans le cadre des négociations d'un accord de sortie de crise, a constaté l'AFP.

Destitué par les militaires putschistes, il est sorti vers 16H00 (locales et GMT) de la plus grande prison de Nouakchott, Dar Naïm, à la périphérie nord de la capitale, en même temps que trois co-détenus.

Une foule nombreuse les attendait à l'extérieur de la prison, a constaté un journaliste de l'AFP.

La communauté internationale avait appelé mardi à la libération rapide des personnalités écrouées en Mauritanie après le putsch.

Ces remises en liberté étaient attendues avant la signature solennelle, jeudi à Nouakchott, de l'accord de sortie de crise paraphé deux jours plus tôt, à Dakar, par les différentes parties mauritaniennes.

M. Ould Ahmed Waghf avait été écroué le 20 novembre avec quatre autres prévenus «accusés d'avoir manigancé la faillite» d'Air Mauritanie, compagnie qu'il avait dirigée entre 2004 et 2006.

«Deux hommes d'affaires ont payé solidairement jeudi le reliquat de la caution de 400 millions d'ouguiyas (1,2 million d'euros) qui était demandée par la justice pour la libération des quatre hommes», a déclaré Me Brahim Ould Ebedty, avocat de l'ex-premier ministre et de ses codétenus

Une caution de 100 millions d'ouguiyas par personne avait d'abord été exigée par le parquet pour leur remise en liberté provisoire. Les quatre hommes avaient refusé de payer cette caution «excessive».

Puis la Cour suprême mauritanienne avait décidé d'abaisser cette caution à 10 millions d'ouguiyas par personne pour trois d'entre eux et 1 million pour le quatrième détenu.

Mais cette décision de la Cour suprême avait été «ignorée par le parquet qui a continué à exiger le paiement intégral du montant initial», a fait valoir Me Brahim Ould Ebedty.

Le défenseur s'est insurgé contre cette procédure, la qualifiant de «corruption», et d'«acte contraire aux lois qui fondent la République».