Le président rwandais Paul Kagame a exhorté jeudi à Nairobi les responsables politiques kényans à accélérer la réconciliation après les violences post-électorales de début 2008, afin que le Kenya ne devienne pas un «Etat en faillite».

«Un Etat en faillite est le résultat de dirigeants en faillite. Le peuple kényan est un grand peuple et le Kenya est une grande nation de Dieu. Donc le peuple kényan ne peut pas se permettre d'échouer», a déclaré M. Kagame dans un discours lors d'une cérémonie religieuse à Nairobi. «Dans les sociétés caractérisées par le conflit, la tâche la plus décisive et urgente pour les populations et leurs dirigeants en particulier est de s'attaquer aux causes profondes de l'instabilité afin qu'elles ne dégénèrent pas en conflits ou en guerres», a affirmé le président rwandais.

De son côté, le président kényan Mwai Kibaki, qui a assisté à la cérémonie, a estimé que le Kenya ne pourrait avancer que si le processus de réconciliation était mené au niveau local et au sein de la population.

La contestation par l'opposition de la réélection en décembre 2007 de M. Kibaki avait dégénéré en violences politico-ethniques, faisant au moins 1.500 morts et 300.000 déplacés dans un pays jusqu'alors réputé pour sa stabilité.

Plus d'un an après ces évènements, le gouvernement de coalition kényan formé pour mettre un terme à la crise est au bord de l'implosion et les Kényans sont excédés par des dirigeants incapables de mettre en oeuvre des réformes indispensables.

D'avril à juillet 1994, le Rwanda a été le théâtre d'un génocide qui a fait, selon l'ONU, environ 800.000 morts, parmi la minorité tutsi et les Hutu modérés.

La prise du pouvoir à Kigali par la rébellion majoritairement tutsi du Front patriotique rwandais (FPR), alors dirigée par M. Kagame, avait mis fin au génocide.