Un collectif régional des droits de l'Homme a accusé jeudi l'armée congolaise de se livrer tout autant que les rebelles hutu rwandais à des «exactions» et des «pillages» dans la province du Sud-Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC).

«La province du Sud-Kivu ne cesse de compter chaque jour ses morts, massacrés (...) Tous se livrent aux massacres, pillages, destructions et incendies de villages dans les territoires de Walikale, Shabunda et Kalehe», écrit jeudi sur son site internet la Ligue des droits de la personne dans la région des Grands lacs (LDGL), basée à Kigali. «Les militaires congolais, envoyés au front alors qu'ils sont impayés depuis plus de trois mois, tracassent la population par des extorsions et des pillages», indique le communiqué.

«A Lubile, un village du territoire de Shabunda, plus de la moitié de la population civile vit aujourd'hui dans la forêt à la suite des exactions commises par des militaires des FARDC (Forces armées de RDC) lors de leur passage pour la traque» des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), poursuit la même source.

«Femmes et filles sont les premières cibles de ces bandes armées (FDLR, ndlr): viols, sévices et esclavage sexuel avec comme conséquence des maladies sexuellement transmissibles, dont le VIH/sida, des grossesses indésirables, des morts, etc...».

Les FDLR, dont certains ont participé au génocide de 1994 au Rwanda contre les Tutsi, sont estimés à entre 5.000 et 6.000 combattants regroupés dans l'est de la RDC où ils se sont installés après le génocide.

Une opération conjointe sans précédent des armées rwandaise et congolaise a pourtant été menée du 20 janvier à fin février dans la province du Nord-Kivu contre ces combattants, anciens supplétifs occasionnels des FARDC.

Loin de les avoir éradiqués, l'opération a chassé les rebelles des grands centres de la province, les obligeant à gagner les forêts d'où ils lancent leurs attaques, et aussi à descendre vers la province voisine du Sud-Kivu.