Des habitants de Mogadiscio continuaient samedi de déserter en nombre des quartiers sensibles de la capitale somalienne où la tension était forte entre les insurgés et les forces gouvernementales, qui se préparent à de nouveaux combats décisifs.

La plupart des résidents, transportant souvent leurs biens dans des charrettes, fuyaient les quartiers situés à proximité du palais présidentiel, situé au sud de Mogadiscio, où les insurgés ont posté de nombreux combattants. Un calme relatif régnait samedi dans la capitale, dont le gouvernement de transition somalien ne contrôle plus que quelques secteurs clés, et aucun tir n'était entendu, a constaté un journaliste de l'AFP.

Les insurgés ont lancé depuis le 7 mai une offensive sans précédent, menée par le chef islamiste radical cheikh Hassan Dahir Aweys, pour chasser du pouvoir le président Sharif Sheikh Ahmed, un islamiste modéré élu en janvier à la tête du pays.

Cheikh Aweys a appelé jeudi son ancien allié à démissionner pour éviter un nouveau bain de sang dans la capitale.

Le gros des insurgés, avec dans leurs rangs de très jeunes adolescents, est constitué des combattants de cheikh Aweys et du groupe des islamistes extrémistes des shebab.

Ces combats ont fait 103 morts, 420 blessés et 18 000 déplacés à Mogadiscio depuis le déclenchement de l'offensive des islamistes radicaux le 7 mai, a indiqué vendredi le ministre somalien de la Communication, Farhan Ali Mohamoud.

«Comment pouvons-nous rester dans un quartier où des centaines d'hommes lourdement armés se font face ? Pour sûr, aucun habitant ne restera dans le quartier de Wardhigley», a raconté à l'AFP Mohamed Adan, père de cinq enfants.

«Notre quartier s'est vidé, il ne reste que quelques personnes qui n'ont pas assez d'argent pour payer le transport», a commenté un autre résident, Muktar Jisow.

Abdulahi Moalim Dahir, un commerçant, a fermé sa boutique dans le quartier de Suqbacad (nord de Mogadiscio) «comme la plupart des autres commerçants l'ont fait au cours de la semaine passée», a-t-il témoigné.

Le marché de Suqbacad est le second plus grand de la capitale.

Un face à face tendu a lieu depuis jeudi notamment près du palais présidentiel entre insurgés d'un côté et forces gouvernementales et de la mission de paix de l'Union africaine (UA) en Somalie (Amisom) de l'autre.

Comme les shebab, cheikh Aweys, recherché par Washington pour liens présumés avec le réseau terroriste Al-Qaeda, exige le départ de la force de paix de l'UA.

Ces derniers jours, l'Amisom a renforcé ses positions d'artillerie dans la ville, selon des habitants. La force africaine est forte de 4 000 soldats ougandais et burundais et est dotée de matériel lourd, en particulier des chars et de l'artillerie.

De son côté,le gouvernement de transition somalien a remplacé le commandant en chef de l'armée, Said Mohamed Hirsi, par le commandant en second de la police, Yusuf Osman Dhumal.

Vendredi, le Conseil de sécurité de l'ONU a «condamné la récente reprise des combats par les shebab et autres extrémistes, qui constitue une tentative de renverser cette autorité par la force».

Le Conseil s'est également dit «préoccupé par les informations selon lesquelles l'Erythrée a fourni des armes à ceux qui s'opposent au gouvernement de transition somalien, en violation de l'embargo de l'ONU sur les armes (...)».

La Somalie est plongée dans la guerre civile depuis 1991.