À la tribune officielle, des invités en costume cravate et tailleur dansent en frappant des mains. Dans la foule en contrebas, des milliers de partisans de Jacob Zuma, venus assister à sa prestation de serment comme chef de l'État sud-africain, s'époumonnent : «Zuma président».

C'est dans une ambiance survoltée que le chef du Congrès national africain (ANC) a été investi président samedi devant les imposants bâtiments de l'Union qui abritent le siège du gouvernement, en surplomb de Pretoria. «C'est un moment où je me sens très fier d'être sud-africain», crie Phinda Mnguni, qui a revêtu pour l'occasion la tenue traditionnelle zouloue en peaux de léopard et de vache.

M. Zuma, portant costume sombre et cravate, est devenu samedi le premier président zoulou d'Afrique du Sud, et le quatrième chef de l'État depuis la fin du régime d'apartheid en 1994.

Plusieurs dizaines de milliers de partisans – 36 000 selon le gouvernement, 50 000 selon la police - avaient fait le déplacement.

«Je suis venu du Kwazulu-Natal (province de l'est dont est originaire M. Zuma) pour assister à cet événement, je ne le raterais pour rien au monde», explique Sipho Zondi, qui a passé la nuit dans le train.

«J'aurais aimé être plus près de la tribune, mais je ne peux pas», regrette un instituteur qui suit la cérémonie sur des écrans géants installés sur les pelouses des bâtiments de l'Union.

Autour de lui, des fans arborent casquettes et tee-shirts à l'effigie de l'ANC. Certains se protègent du soleil avec des parapluies, qui avaient servi plus tôt dans la journée contre une pluie battante.

«Je pensais que ce moment n'arriverait jamais. Il est maintenant officiellement notre président», se réjouit Lesetja Mothata, un père de famille au chômage qui ne peut retenir ses larmes.

«Ceux qui ont comploté contre lui sont silencieux maintenant. Zuma va être un bon dirigeant, il est humble et il comprend les besoins du peuple», assure-t-il.

M. Zuma est un revenant: acquitté de viol en 2006, il a fait l'objet d'années de poursuites de corruption, levées deux semaines avant les élections générales du 22 avril. En 2005 déjà, il avait été limogé de la vice-présidence par le chef de l'État de l'époque, Thabo Mbeki, après la condamnation pour corruption de son conseiller financier.

L'ancien chef de l'État, contraint à la démission en septembre, a été accueilli samedi par les sifflets de la foule.

En revanche, quand le très respecté premier président noir de l'Afrique du Sud, Nelson Mandela, a fait son entrée en s'appuyant sur une canne, avec l'aide de son épouse Graça Machel, un chant s'est élevé: «Nelson Mandela, il n'y a personne comme toi».

Après sa prestation de serment, depuis quelque 5 000 dignitaires et une vingtaine de chefs de l'État, M. Zuma a tenu à remercier ses partisans.

«Nous avons montré que nous sommes une démocratie forte, que même s'il y a un changement de dirigeants, il n'y a pas de bain de sang», lance-t-il à la foule.

Il présente ensuite la première de ses trois épouses, Sizakele Khumalo, qui porte une coiffe africaine et un grand manteau couleur or. «C'est Khumalo», explique-t-il. «Vous verrez les autres une autre fois.»