Un tribunal kényan a inculpé jeudi 23 individus après le massacre à coups de pierre et de machette, lundi et mardi à Karatina (centre du pays), d'au moins 29 personnes lors de heurts entre des villageois et un gang violent.

Les violences avaient débuté lundi soir lorsque des résidents du village de Karatina, organisés en groupes d'autodéfense, s'en étaient pris à des membres présumés des Mungiki, une organisation de type mafieux très active dans la région et composée essentiellement de membres de l'ethnie kikuyu, majoritaire au Kenya.

«Dans la nuit du 20 avril, avec d'autres individus qui ne sont pas devant cette cour, (les accusés) ont été surpris avec (...) des machettes et des massues, dans l'intention de commettre un crime», indique l'acte d'accusation.

Les accusés, âgés de 16 à 30 ans, ont nié les accusations. Ils font partie des 62 personnes interpellées après le massacre.

La secte Mungiki (ce qui signifie «la multitude» en kikuyu) affirme descendre des guerriers Mau Mau qui s'étaient illustrés pendant la guerre d'indépendance.

À l'origine un groupe religieux composé de jeunes pratiquant des rites traditionnels, cette secte a ensuite été accusée par les autorités d'être devenue une organisation criminelle avec des relais politiques et pratiquant le racket. Elle a également été impliquée dans les violences post-électorales de début 2008.

Interdite depuis 2002, cette secte est devenue un gang mafieux pratiquant l'extorsion de fonds et des meurtres par décapitation.

La police l'a accusée d'au moins 50 meurtres, dont une dizaine par décapitation depuis mars 2007 et a lancé contre eux une sévère répression. En novembre 2008, la Commission kényane sur les droits de l'Homme avait dénoncé l'implication de la police dans le meurtre de près de 500 hommes dans le cadre de cette opération.