Le président zimbabwéen Robert Mugabe et son ancien rival, le premier ministre Morgan Tsvangirai, ont pour la première fois assisté ensemble aux célébrations du 29e anniversaire de l'indépendance à Harare, affichant une rare unité du nouveau gouvernement de coalition.

Preuve de cette détente qui se répercute au niveau international, la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a félicité à cette occasion le peuple zimbabwéen et appelé le gouvernement de transition à poursuivre sur la voie de la réforme. Pour le plus vieux chef d'État africain, la formation en février d'un gouvernement de transition entre son parti et le Mouvement pour le changement démocratique (MDC) de M. Tsvangirai devait «de promouvoir le processus de rétablissement et de réconciliation nationales».

«Nous sommes reconnaissants que la formation d'un gouvernement d'union ait permis d'instaurer un esprit d'unité dans lequel nous célébrons le 29e anniversaire de l'indépendance», a déclaré M. Mugabe, arrivé au pouvoir en 1980 à l'indépendance de l'ex-Rhodésie du Sud britannique.

Il a appelé les Zimbabwéens à «la tolérance», en référence à des incidents isolés survenus depuis la mise en place du gouvernement de transition.

Dans un stade de 60 000 places, des milliers de pro-Mugabe et du MDC, formé en 1999, se sont pour la première fois retrouvés pour cet anniversaire.

Des cris de joie fusaient à chaque apparition sur les écrans géants du premier ministre. Cette scène contraste avec le déferlement de violences qui s'était produit il y a un an après la défaite historique du parti au pouvoir.

MM. Mugabe et Tsvangirai avaient fini par accepter, pour sortir le pays de la paralysie politique, de partager le pouvoir.

Selon le professeur en sciences politiques à l'Université du Zimbabwe, Eldred Masungure, la présence des deux hommes et de l'adjoint du premier ministre, Arthur Mutambara, à cet anniversaire est «une indication claire et sérieuse» envers leurs militants qu'ils travaillent ensemble.

C'est aussi un message à la communauté internationale pour qu'elle envoie rapidement l'aide financière dont l'économie en ruines du Zimbabwe a tant besoin.

Dans un communiqué, la secrétaire d'État américaine a salué les efforts du gouvernement «et les progrès accomplis pour mettre en oeuvre des réformes qui vont profiter au peuple zimbabwéen».

Ce message de soutien précédé vendredi par la levée de la mise en garde des États-Unis sur les voyages au Zimbabwe marquent un changement de ton. «C'est une action symbolique», souligne l'analyste Masungure pour qui Washington se prépare à reconsidérer sa position envers Harare.

Mais les tensions restent vives au Zimbabwe comme en témoignent les récentes occupations de fermes appartenant à des agriculteurs blancs ou la détention de militants du MDC.

Et les puissances occidentales attendent davantage d'assurances sur le bon fonctionnement du nouveau gouvernement avant d'ouvrir la manne financière et lever les sanctions infligées à l'entourage de M. Mugabe qui a une nouvelle fois réclamé samedi leur abandon.