Le président togolais Faure Gnassingbé a dénoncé vendredi «une tentative de coup d'État» contre lui lors d'une allocution à la télévision nationale, sans citer une seule fois le nom de son frère arrêté mercredi.

Ce coup d'État «devait se dérouler durant la visite de travail que je devais effectuer en Chine», a déclaré le chef de l'État, dont le départ était prévu dimanche dernier en soirée.

«Ils projetaient de prendre le pouvoir par la force et de déstabiliser les institutions républicaines», a poursuivi Faure Gnassingbé, qui n'a pas évoqué directement la participation de son frère Kpatcha Gnassingbé.

Arrêté mercredi matin alors qu'il cherchait à se réfugier à l'ambassade américaine à Lomé, ce dernier, député et ancien ministre de la Défense, a été inculpé le jour même de «complot» et de «tentative d'attentat contre la sûreté de l'État» par le procureur de la république Robert Bakaï.

«Profondément attaché aux vertus familiales, vous pouvez imaginer combien la révélation de cette action m'a touchée», a été la seule allusion du président togolais à son frère dans ce discours solennel prononcé à la télévision.

Selon des sources diplomatiques, un autre fils du défunt président Eyadéma, père de l'actuel chef de l'État, aurait également été interpellé, mais aucune confirmation officielle de cette arrestation n'avait été donnée vendredi soir.

«Titulaire d'un mandat dont vous m'avez investi, je savais que la défense de l'État, de votre État, est la mission sacrée qui m'a été confiée. La tentative de coup d'État est non seulement un crime contre la constitution et les lois de la république, mais aussi un outrage fait au peuple togolais. Voilà pourquoi j'ai pris toutes les mesures pour que la justice s'exerce avec fermeté et sérénité à l'égard des auteurs de ces actes criminels et de leurs complices», a encore déclaré Faure Gnassingbé.

Indiquant que les «personnes en cause» étaient actuellement interrogées par un juge d'instruction, il a affirmé que «les dimensions du projet criminel apparaissent dans toute leur ampleur».

«Il s'agissait de remplacer la force de la loi par la loi de la force, ce que je ne puis accepter», a-t-il poursuivi avant d'ajouter que «jamais plus la politique ne doit faire couler sang au Togo».

Faure Gnassingbé a par ailleurs remercié des «pays étrangers et amis», sans les citer, pour avoir prévenu les autorités togolaises «de l'imminence» du coup d'État.

Des armes et du matériel de guerre saisis ont été présentés jeudi à la presse par la gendarmerie nationale de Lomé.

Une opération menée par des gendarmes fortement armés avait visé le domicile de Kpatcha Gnassingbé dans la nuit de dimanche à lundi, officiellement pour arrêter des personnes soupçonnées d'«atteinte à la sûreté de l'État».

Une seconde expédition avait eu lieu tard mardi soir, mais Kpatcha avait pris le large.

Éduqué aux États-Unis, Faure Gnassingbé, aujourd'hui âgé de 43 ans, est arrivé au pouvoir en 2005, à la suite de la mort en février de son père, Gnassingbé Eyadéma, dans des circonstances chaotiques: il avait d'abord été imposé par les généraux avant d'être élu lors d'une élection contestée et marquée par des violences.

En quelques années, il a toutefois réussi à décrisper une situation politique bloquée avec l'opposition. Des discussions sont d'ailleurs en cours avec les principaux partis d'opposition, surtout l'Union des forces de changement (UFC) de Gilchrist Olympio.

La prochaine présidentielle est prévue en 2010.