Un croiseur lance-missiles américain surveillait jeudi un groupe de pirates somaliens retenant en otage, en plein océan Indien et dans un canot de sauvetage à cours de carburant, le commandant américain d'un cargo brièvement capturé mercredi.

Le porte-conteneurs Maersk Alabama, capturé mercredi à l'aube avant que l'équipage n'en reprenne le contrôle, a repris sa route vers sa destination initiale, le port kényan de Mombasa, avec à son bord 18 hommes armés.

L'attaque du Maersk Alabama vient couronner un spectaculaire regain d'activité des pirates qui, armés de Kalachnikov et lance-grenades, ont pris d'assaut six navires étrangers depuis samedi au nez et à la barbe des puissances navales mondiales déployées dans la zone.

Le porte-conteneur, avec 20 Américains à bord, a été attaqué mercredi vers 05H00 GMT à environ 500 km au sud-est de la ville somalienne d'Eyl.

A la faveur d'un scénario aussi spectaculaire qu'inhabituel, l'équipage est parvenu quelques heures plus tard à reprendre le contrôle du navire tandis que les pirates quittaient le navire à bord d'un canot de sauvetage, emmenant avec eux le commandant Richard Phillips, précieuse monnaie d'échange.

Ce dernier «est pour l'instant sain et sauf», a déclaré Kevin Speers, le porte-parole de Maersk Line Limited, la filiale américaine de l'armateur danois Maersk qui arme le navire.

L'administration américaine était pleinement mobilisée jeudi pour tenter de trouver une issue pacifique à la prise d'otage du commandant à bord d'un canot de sauvetage, dont la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a indiqué qu'il était «apparemment (...) à court de carburant».

«Nous essayons de résoudre cette situation de manière pacifique», a déclaré jeudi un porte-parole du Pentagone, Bryan Whitman, sans précision.

La police fédérale américaine a été appelée jeudi à la rescousse par la Marine pour négocier avec les pirates, a-t-on appris auprès du FBI.

Le croiseur lance-missiles américain, l'USS Bainbridge, arrivé sur zone dans la nuit de mercredi à jeudi, restait jeudi soir à proximité des pirates et de leur otage.

Et le porte-conteneurs a repris son trajet vers Mombasa transportant «18 hommes armés», selon Joseph Murphy, le père de l'officier en second du navire, interrogé par CNN.

Interrogé par l'AFP depuis Mogadiscio, Abdi Garad, le chef d'un groupe de pirates somaliens de la localité d'Eyl, s'est affirmé prêt à «renforcer» ses «collègues», espérant que «cette affaire» serait «bientôt réglée, que ce soit par la force ou par la négociation».

Le Maersk Alabama est chargé de nourriture destinée notamment au Programme alimentaire mondial (PAM).

Les pirates somaliens, qui ont fait de leur activité criminelle l'une des plus florissante et lucrative d'un pays en guerre civile depuis 1991, ne cessent d'étendre leur rayon d'action et de narguer les navires de guerre déployés dans la région par les grandes puissances.

Ils ont ainsi attaqué plus de 130 navires marchands au large de la Somalie l'an dernier, une hausse de plus de 200% par rapport à 2007, selon le Bureau maritime international.

Mardi, la marine américaine avait appelé les armateurs à renforcer leurs mesures de protection en haute mer.

L'envoyé spécial de l'ONU pour la Somalie, Ahmedou Ould-Abdallah, a de nouveau appelé jeudi la communauté internationale à aider les autorités somaliennes à restaurer la stabilité dans ce pays et s'attaquer aux causes profondes de la piraterie.