Le favori à la présidence en Afrique du Sud, Jacob Zuma, a salué mardi la levée des accusations pour corruption à son encontre, en réaffirmant avoir été «victime d'abus de pouvoir systématique» pendant les huit ans de procédure.

A quinze jours des élections générales, un tribunal de Durban (sud-est) a formellement retiré les accusations de fraude, corruption et racket pesant depuis décembre 2007 contre le chef du parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC).

Tout sourire, celui-ci a assisté à l'audience et salué «la fin d'une période longue et douloureuse qui a mis toute la famille Zuma sous pression».

«Merci d'avoir cru en mon innocence et de m'avoir fait confiance quand j'assurais être victime d'abus de pouvoir systématique !», a-t-il ensuite lancé à l'adresse de ses partisans.

«Ma conscience est claire, je n'ai commis aucun crime contre le peuple d'Afrique du Sud», a poursuivi le tribun zoulou lors d'uen conférence de presse télévisée. «Il y avait une volonté très claire de me rendre coupable pour toujours, mais il n'y a jamais eu un vrai dossier contre moi.»

Jacob Zuma était soupçonné d'avoir sollicité, alors qu'il était vice-président du pays (1999-2005), des pots-de-vin auprès du groupe d'armement français Thales, pour lui éviter des ennuis judiciaires.

Mais le Parquet général a annoncé lundi l'abandon du dossier, après avoir reçu la preuve que des responsables de l'enquête avaient poursuivi des fins politiques.

Sans se prononcer sur le fond, le procureur général a estimé que «les abus de pouvoir» commis notamment par l'ancien directeur des services d'enquête, Leonard McCarthy, rendaient la procédure invalide.

La presse estimait mardi que «l'heure des comptes» était arrivée pour les auteurs de ces abus. L'ANC «réclame des têtes», soulignait notamment le quotidien à grand tirage The Star.

Mais Jacob Zuma a refusé de jeter de l'huile sur le feu et prôné l'apaisement. «Notre pays a traversé une période douloureuse qui a semé la discorde, c'est maintenant l'heure de la réconciliation (...) La vengeance ne nous mènera nulle part», a-t-il dit.

Tout en lançant plusieurs attaques contre «l'Exécutif», il a refusé de s'en prendre nommément à son grand rival, l'ancien président Thabo Mbeki. «Ce ne serait pas responsable de soulever des questions à son sujet», a-t-il dit.

Les partisans de Jacob Zuma ont toujours accusé l'ex-chef de l'Etat d'avoir orchestré «le complot» contre leur héros. En septembre, ils avaient obtenu sa démission après qu'un juge eut évoqué «des interférences politiques» dans le dossier.

La levée des accusations permet à Jacob Zuma d'aborder sereinement les élections du 22 avril, à l'issue desquelles il devrait accéder à la présidence. Selon un récent sondage, l'ANC dispose en effet de près de 65% des intentions de vote.

Le principal parti d'opposition, l'Alliance démocratique (DA), a toutefois introduit mardi un recours en justice pour faire annuler l'abandon des poursuites.

«Deux semaines avant les élections, le Parquet a plié devant les pression de Jacob Zuma et d'une faction de l'ANC», a critiqué la leader du parti, Helen Zille, en soulignant que Jacob n'avait «pas été acquitté».

«C'est vraiment dommage, nous ne saurons jamais si les mains de notre prochain président sont propres ou non», a également regretté le quotidien Cape Times.

Mais Jacob Zuma a nié que son image resterait suspecte. «Il n'y a pas de nuage de suspicions. Il y avait des allégations contre moi et l'Etat n'a pas été capable de les prouver. Je n'ai pas été reconnu coupable par la Justice», a-t-il martelé.