Le Rwanda a affirmé que les cimetières des victimes du génocide de 1994 enterrées en Ouganda voisin étaient négligés et que des ossements avaient été utilisés dans des actes de sorcellerie, a-t-on appris jeudi de source officielle.

Plusieurs hauts responsables rwandais ont lancé ces accusations après une mission d'enquête parlementaire de Kigali effectuée la semaine dernière en Ouganda, dont les autorités ont catégoriquement rejeté ces conclusions.

«Nous avons découvert que des ossements (de victimes) sont actuellement utilisés dans des actes de sorcellerie», a déclaré à l'AFP Evariste Kalisa, président du comité des droits de l'Homme du Parlement rwandais.

Environ 800 000 personnes, selon l'ONU, essentiellement Tutsi et Hutu modérés, ont été tués lors du génocide rwandais en 1994.

Selon les estimations, entre 8000 et 20 000 d'entre elles ont été enterrées en Ouganda après avoir été charriées depuis le Rwanda par des rivières où elles avaient été jetées.

«Nous avons depuis longtemps regretté que la sécurité de cimetières du génocide n'était pas adéquate dans certaines zones isolées» d'Ouganda, a expliqué Theodore Simburudali, le président de la principale association de rescapés du génocide.

S'adressant au parlement mardi, les ministres rwandais des Affaires étrangères, Rosemary Museminali, et de la Culture, Joseph Habineza, ont réitéré leurs appels de longue date à Kampala pour qu'il améliore la sécurité de ces sites.

Le Rwanda, qui s'apprête a commémorer le 15e anniversaire du génocide le 7 avril, a demandé à plusieurs reprises à l'Ouganda l'exhumation et le rapatriement des dépouilles.

«Cette histoire n'est pas vraie. Les tombes sont encore intactes. Nous avons dépêché des policiers sur les lieux pour enquêter», a réagi à l'AFP la porte-parole de la police ougandaise Judith Nabakooba.