La rencontre festive entre le pape Benoît XVI et des milliers de jeunes angolais a été endeuillée samedi par la mort de deux jeunes gens avant l'ouverture du stade dos Coqueiros où le pape a tenté de revitaliser la foi de milliers de jeunes catholiques, dans un pays où les églises évangéliques grignotent l'influence de l'Eglise catholique.

Deux jeunes gens sont en effet morts dans une bousculade devant le stade, a indiqué à l'AFP le porte-parole du Vatican Federico Lombardi.

Le père Lombardi a précisé que le «Saint Père évoquera ce drame lors de la messe qu'il doit célébrer dimanche» à Luanda».

L'agence portugaise Lusa a indiqué de son côté qu'un garçon et une fille étaient morts et que 18 personnes avaient été blessées dans la bousculade.

Plus de 30 000 jeunes, massés des heures plus tôt dans le stade ont réservé un accueil endiablé au souverain pontife, en chantant «Catholique, catholique» ou «Papa, amigo».

Benoît XVI, 81 ans, souriant malgré sa fatigue apparente, a accompli en papamobile, sous une chaleur lourde le tour du stade, avant de prendre place sous les vivats à la tribune.

Plus de la moitié des 17 millions d'Angolais ont moins de 18 ans, et la plupart ont souffert d'une manière ou d'une autre de la guerre civile, qui a ravagé le pays pendant 27 ans (1975-2002).

«Je vois présents ici -mais il y en a des milliers d'autres- de jeunes Angolais mutilés à cause de la guerre et des mines», leur a lancé le pape.

«Je pense aux torrents de larmes que tant de vous ont versé à cause de la perte de membres de vos familles, et il n'est pas difficile d'imaginer les sombres nuages qui couvrent encore le ciel de vos rêves les plus beaux.»

Mais, a-t-il assuré, «Jésus nous dit clairement une chose: le renouvellement commence en nous. Vous recevrez une force d'En-Haut. La force dynamique de l'avenir se trouve en vous».

Selon des statistiques officielles, 55% de la population est catholique et 25% se réfère à des croyances traditionnelles. Mais de nombreux Angolais se tournent aujourd'hui vers les églises évangéliques et pentecôtistes.

Samedi, lors d'une messe dans l'église Sao Paulo de Luanda, le pape a souligné que l'évangélisation restait une exigence pressante pour l'Eglise, comme lors des premiers pas du catholicisme en Angola, il y a 500 ans.

«Aujourd'hui, il vous revient (...) de présenter le Christ ressuscité à vos concitoyens. Ils sont si nombreux à vivre dans la peur des esprits, des pouvoirs néfastes dont ils se croient menacés», a-t-il dit dans son homélie.

«Désorientés, ils en arrivent à condamner les enfants des rues et aussi les anciens, parce que, disent-ils, ce sont des sorciers», a-t-il déploré.

Certaines sectes angolaises sont accusées de pratiquer des sacrifices humains et de s'en prendre aux enfants.

La veille, devant le président angolais José Eduardo dos Santos, le pape avait lancé un appel à lutter davantage contre la pauvreté.

Il avait également réitéré l'opposition de l'Eglise catholique à l'avortement, en lançant: «combien est amère l'ironie de ceux qui promeuvent l'avortement au rang des soins de la santé des "mamans"!»

Il «ne parlait pas d'avortement thérapeutique» mais déplorait «une large utilisation de l'avortement comme moyen de contrôle des naissances», a clarifié samedi le porte-parole du Vatican, Federico Lombardi.

L'Eglise catholique a «toujours admis l'avortement indirect», quand des soins prodigués à la femme enceinte pour lui sauver la vie «ont pour conséquence la mort du foetus», a-t-il ajouté.

Mardi, Benoît XVI avait entamé son premier voyage en Afrique au Cameroun en déclenchant une polémique mondiale sur le préservatif qui, selon lui, «aggrave» le problème du sida.