Quatre employés de l'ONU ont été enlevés lundi par des hommes armés en Somalie, où les rares étrangers encore présents sont régulièrement la cible de prises d'otages crapuleuses.

Les quatre membres de Nations unies - trois étrangers et un Somalien - ont été enlevés alors qu'ils se rendaient à un aérodrome près de Wajid (250 km au nord-ouest de Mogadiscio), a indiqué à l'AFP sous couvert d'anonymat une source de l'ONU jointe au téléphone depuis Mogadiscio.

Des hommes armés ont intercepté leur voiture alors qu'ils allaient prendre un avion après avoir passé la nuit en transit à Wajid, a-t-on ajouté. Le véhicule a ensuite été retrouvé abandonné.

Les trois étrangers - un Kenyan et deux Occidentaux dont la nationalité n'a pas été précisée - travaillent pour le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), selon la même source.

«Il y a des efforts en cours pour obtenir leur libération», a déclaré de son côté à l'AFP un chef coutumier de Wajid, Mohamed Moalim Hassan, selon qui les forces de sécurité «suivent la trace des ravisseurs».

«On pense que les ravisseurs sont des miliciens locaux mécontents de récents recrutements par les organisations d'aide», a-t-il précisé, ajoutant: «j'espère que le drame ne durera pas trop longtemps».

Les organisations humanitaires travaillant en Somalie sont contraintes d'avoir des gardes armés du fait de l'insécurité généralisée dans un pays en guerre civile depuis 1991.

Les emplois de garde pour les organisations étrangères sont particulièrement recherchés par les miliciens présents dans toutes les localités du pays et leur recrutement donne lieu à des tractations serrées avec les autorités locales désireuses de placer leurs «protégés».

Des étrangers sont régulièrement enlevés en Somalie et libérés contre paiement de rançons. Journalistes et employés d'organisations humanitaires sont particulièrement visés par les preneurs d'otages, notamment dans la région du Puntland (nord), base de groupes de pirates qui attaquent des navires au large des côtes somaliennes.

La journaliste canadienne Amanda Lindhout et le photographe australien Nigel Geoffrey Brennan, enlevés le 23 août sur la route reliant Mogadiscio à Afgoye, 25 km à l'ouest, sont toujours détenus par leurs ravisseurs. Quatre employés européens de l'ONG française Action contre la faim (ACF) et leurs deux pilotes kényans, enlevés début novembre, sont également toujours otages.

Malgré le danger, les organisations d'aide continuent de maintenir une présence en Somalie, qui connaît une situation humanitaire catastrophique en raison des effets conjugués de la sécheresse, de la flambée des prix alimentaires et des violences.

Les quelque 3,2 millions de Somaliens nécessitant une assistance humanitaire représentent plus de 40% de la population du pays.

Le taux de prévalence de malnutrition sévère chez les enfants s'élève à 18,6% en Somalie, au-delà du seuil de 15% synonyme de situation critique, selon des donnés du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef).