Roy Bennett, vice-ministre zimbabwéen de l'Agriculture désigné au sein du gouvernement d'union, a été libéré sous caution jeudi après avoir été détenu pendant un mois à Mutare (est), a constaté un journaliste de l'AFP.

Ce proche du nouveau Premier ministre Morgan Tsvangirai a été applaudi à sa sortie de prison par des dizaines de militants avant d'être conduit dans les locaux de son parti, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC).

M. Bennett, qui avait l'air en bonne santé, a aussitôt dénoncé les «graves violations des droits de l'Homme» dans les prisons zimbabwéennes, devant les journalistes et des militants du MDC.

«Les gens souffrent. Ils ne mangent que de la farine de maïs, une quantité pas plus grande que mon poing. Ils n'ont qu'un seul repas par jour», a déclaré M. Bennett, vêtu d'un t-shirt blanc et d'un bermuda beige.

Après un mois de bataille judiciaire, la Cour suprême a finalement tranché mercredi. Elle a rejeté un appel de l'Etat, permettant ainsi la remise en liberté de M. Bennett après le versement d'une caution de 5.000 dollars américains (4.000 euros) et le dépôt de son passeport ainsi que d'un titre de propriété. Il doit également pointer à la police trois fois par semaine.

«C'est un grand soulagement qu'il ait été libéré. C'est une affaire qui n'aurait jamais dû aller devant la justice car il n'y a aucun fondement (...) Il est sorti de cet enfer, nos prisons sont l'enfer sur la terre», a déclaré à l'AFP un responsable du MDC, Innocent Gonese.

M. Bennett avait été arrêté le 13 février, jour de la prestation de serment du gouvernement d'union formé par l'ex-opposant Tsvangirai et le président Robert Mugabe, alors qu'il devait prendre le poste de vice-ministre de l'Agriculture.

Le 24 février, un tribunal de Harare avait ordonné sa mise en liberté contre une caution de 2.000 dollars US mais l'Etat avait multiplié les procédures pour le maintenir en détention et saisi la Cour suprême.

Cet ancien fermier blanc de 52 ans est accusé d'avoir eu l'intention de commettre des actes de sabotage et de terrorisme. Il était à l'origine accusé de complot contre le chef de l'Etat après la découverte d'armes en 2006, au domicile d'un ancien policier blanc. Ce dernier avait désigné M. Bennett comme le propriétaire de ces armes.

Roy Bennett, qui avait déjà passé huit mois en détention pour une altercation avec un ministre, s'était enfui en Afrique du Sud, dont il n'est rentré qu'en janvier. Les charges à son encontre n'avaient jamais été levées.

Ancien propriétaire d'une plantation de café extrêmement rentable, Roy Bennett avait été expulsé en 2003 de son exploitation dans le cadre d'une réforme foncière controversée.

Les poursuites à son encontre ont fait peser le doute sur la viabilité de la nouvelle coalition gouvernementale.