Les autorités soudanaises ont décidé mercredi d'expulser une dizaine d'organisations non gouvernementales internationales, dans la foulée du mandat d'arrêt délivré par la Cour pénale internationale contre le président Omar el-Béchir, ont indiqué différents responsables.

«Une dizaine d'ONG internationales vont être expulsées», a déclaré à l'AFP le responsable d'une organisation d'aide active au Darfour. «Ils nous ont dit de quitter le pays dans les 24 heures», a précisé cette source.

«Jusqu'à dix ONG vont être expulsées», a renchéri un responsable onusien sous le couvert de l'anonymat. «La commission soudanaise des Affaires humanitaires a révoqué notre permis», a précisé une autre source, dont l'organisation doit quitter le Soudan à moins d'un revirement des autorités soudanaises.

Le second vice-président soudanais Ali Osmane Taha a confirmé que plusieurs ONG seraient expulsées dans les prochaines heures «parce qu'elles ont violé les lois du pays».

En revanche, le Soudan s'est engagé à maintenir de bonnes relations avec les ONG n'ayant pas enfreint selon lui la loi et à respecter ses engagements avec l'ONU.

«Nous nous sommes engagés à mettre en oeuvre les accords signés avec l'ONU et d'autres ONG», a-t-il assuré lors d'une conférence de presse dans la soirée. Le Soudan avait prévenu récemment les ONG qu'elles ne devaient pas interférer dans sa politique intérieure.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a exhorté le gouvernement soudanais à autoriser à nouveau les ONG qu'il a décidé d'expulser. «Cela représente un sérieux revers pour les opérations de secours au Darfour», a déclaré sa porte-parole.

Ces expulsions surviennent alors que la CPI a délivré mercredi un mandat d'arrêt contre le président soudanais pour crimes de guerre et contre l'humanité au Darfour, région de l'ouest du Soudan en proie depuis 2003 à la guerre civile.

«On nous a dit de quitter le pays cinq minutes après la décision de la CPI», a dit à le responsable d'une ONG.

Les ONG MSF-Hollande, Mercy Corps, IRC, NRC, Care, Solidarités, Action contre la faim et Oxfam Royaume-Uni et Save the Children sont du nombre des organisations visées, selon les informations collectées par l'AFP.

La majorité des ONG internationales au Soudan sont actives au Darfour, théâtre actuellement de la plus importante mission humanitaire selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), avec 2,7 millions de personnes déplacées par les violences.

«Si le permis d'Oxfam est révoqué, cela affectera plus de 600 000 Soudanais auxquels nous fournissons une aide humanitaire vitale (...) dont 400 000 personnes au Darfour, où des gens continuent de fuir les violences et où les besoins humanitaires demeurent énormes», a déclaré dans un communiqué Penny Lawrence, directrice d'Oxfam international.

«C'est absurde que nous, organisation indépendante et impartiale, ayons été pris dans un processus politique et juridique», a déclaré le directeur des opérations de MSF-Hollande, Arjan Hehenkamp. «C'est totalement inacceptable que les gens du Darfour soient privés de soins médicaux essentiels», a-t-il ajouté dans un communiqué.