Le camp de l'opposant malgache Andry Rajoelina a appelé samedi à une grève générale nationale à compter de lundi au terme d'une semaine marquée par le blocage des discussions de sortie de crise avec le président Marc Ravalomanana.

«Malgré les difficultés, nous sommes toujours prêts à nous relever. Lundi, ce sera la grève générale», a lancé à la tribune le maire destitué de la capitale devant environ 5 000 partisans réunis sur la place du 13-Mai, au coeur d'Antananarivo, a constaté un journaliste de l'AFP. «À partir de lundi, on programme une grève générale. Il faut que tout le pays soit bloqué pendant quelques jours. Il faut faire des sacrifices, il faut que nous soyons entendus à travers le monde», a précisé à l'AFP Roland Ratsiraka, le neveu de l'ancien président, Didier Ratsiraka.

Aucune force de l'ordre n'était visible sur la place dont l'un des accès avait été coupé à la circulation par des bennes à ordures installées par les «pro-TGV», le surnom donné à M. Rajoelina par ses partisans.

La foule, moins nombreuse que lors de précédents rassemblements organisés au même endroit un samedi, s'est dispersée dans le calme.

Ce retour sur la place du 13-Mai vient consacrer l'échec d'un premier round de discussions directes entamées le 21 février entre M. Rajoelina, 34 ans, et le président Ravalomanana.

M. Rajoelina avait annoncé mercredi soir la rupture des discussions avec le chef de l'État, absent mercredi d'un quatrième rendez-vous prévu entre les deux adversaires depuis le début, mi-décembre, de la crise politique ouverte.

M. Ravalomanana avait justifié cette absence par «une sécurité compromise» en raison de la présence d'une délégation adverse plus nombreuse que convenu.

Cependant le sous-secrétaire général de l'ONU chargé des affaires politiques, Haïlé Menkerios, a affirmé vendredi à Antananarivo que M. Rajoelina avait «re-confirmé son engagement à poursuivre les négociations».

«Bien sûr, il a ses idées sur comment cela doit se faire. Ce n'est pas à nous de décider», avait ajouté M. Menkerios.

«Il faudrait d'abord un respect des préalables (aux négociations), pouvoir s'exprimer sur la RNM (Radio nationale publique), libérer les prisonniers politiques et arrêter les tirs sur la foule pacifique», avait précisé une source de l'entourage de «TGV».

Un conflit larvé entre MM. Ravalomanana et Rajoelina s'est transformé en crise ouverte mi-décembre, à la suite de la fermeture par les autorités de la télévision du maire.

Depuis, M. Rajoelina, qui a été destitué par le gouvernement de son poste de maire le 3 février, a multiplié les manifestations à Antananarivo et pris la tête d'une «Haute autorité de transition» censée, aux yeux de l'opposition, remplacer le pouvoir en place. Il s'est également autoproclamé en charge des affaires du pays.

Au total, une centaine de personnes sont mortes à Madagascar depuis le 26 janvier dans les violences qui ont émaillé ce conflit.

Vingt-huit d'entre elles ont été abattues le 7 février par la garde présidentielle qui avait tiré sans sommation, dissimulée dans un palais abritant le bureau du président dans la capitale, sur une foule de partisans de M. Rajoelina.

Le maire destitué s'est fait le porte-voix des frustrations de nombreux Malgaches durement touchés par la hausse des prix. Il a également porté sur la place publique leur ressentiment contre M. Ravalomanana décrit comme coupé de la population et affairiste.