L'attentat terroriste qui a coûté la vie dimanche près du grand bazar du Caire à une jeune Française menace à nouveau le secteur clef du tourisme en Egypte, déjà affecté par la crise économique mondiale.

C'est dans l'emblématique Khan al-Khalili, où affluent immanquablement les touristes pour y acheter des souvenirs, que l'attentat a frappé une cinquantaine d'adolescents français.

«Ceux qui ont fait cela, peut-être des islamistes isolés, n'ont pas visé des Français, mais leur cible était clairement des touristes étrangers», affirme à l'AFP Dhia Rachwan, un expert de l'islamisme radical.

Une adolescente de 17 ans a trouvé la mort dans l'explosion de l'engin artisanal placé selon la police sous un banc de pierre, et 25 autres touristes, surtout des jeunes Français, ont été blessés.

Lundi matin, la place al-Hussein, où se regroupent d'ordinaire les touristes avant de pénétrer dans les souks, était quasiment désertée par les visiteurs étrangers.

Le ministre du Tourisme, Zoheir Garranah, a «condamné avec force» cet attentat, espérant qu'il n'aurait pas d'impact négatif pour l'Egypte, alors que la crise mondiale produit déjà ses effets et exacerbe la concurrence.

«Nous n'avons pas eu d'annulations mais c'est terrible qu'un acte comme cela, même isolé, puisse détruire des années de travail alors que la crise est déjà là», souligne Amal, directrice de l'agence de voyages Fadimar Tours.

La fréquentation touristique de la vallée du Nil et de la mer Rouge a chuté de 30 à 50% en ce début d'année alors que 2008 avait battu un record d'affluence avec 12,8 millions de touristes, en hausse de 15,3%.

Les tour-opérateurs français prévoient d'aménager leurs programmes de visites en Egypte, mais pas d'annulations de voyage, selon le président de l'Association des tour-opérateurs français (CETO), René-Marc Chikli.

Déjà en 2005, un kamikaze avait choisi les abords de ce souk aux étroites venelles bordées d'échoppes pour commettre un attentat qui avait causé la mort de deux Français et d'un Américain.

«C'était une petite cellule familiale islamiste, l'attentat de dimanche paraît très comparable dans le choix du lieu et le mode opératoire très primitif», souligne Dhia Rachwan.

De 2004 à 2006, les grandes cités balnéaires du Sinaï, Charm el-Cheikh, Taba et Dahab avaient aussi été le théâtre d'attentats sanglants orchestrés par un groupe islamiste, qui avaient fait au total quelque 130 morts.

Chaque fois, ces attaques avaient révélé des faiblesses dans le maillage sécuritaire d'apparence très étroit sur les lieux les plus fréquentés du Caire, de la vallée du Nil ou du littoral de la mer Rouge.

«Il peut toujours y avoir une faille car la sécurité à 100 % n'existe nulle part, mais la sécurisation doit être un travail incessant», note le président du syndicat des hôteliers, Fathi Nour.

Mais selon lui, «les touristes ne sont plus intimidés, et ne veulent plus l'être. A preuve, l'impact des attentats se réduit, trois ans de baisse après l'attentat de 1997 à Louxor, et seulement un mois pour celui de Dahab en 2006».

Or, le tourisme est en Egypte un secteur clef qui a rapporté 11 milliards de dollars pour l'année fiscale 2008, soit 11,1% du PNB, et emploie 12,6% de la population active.

Par rapport à 2000, le nombre de touristes a triplé et l'an dernier 1,8 million de Russes sont venus se faire bronzer sur les bords de la mer Rouge, devant 1,2 million d'Allemands ou de Britanniques, un million d'Italiens ou 600.000 Français.