Le cargo ukrainien chargé d'armes, MV Faina, qui va pouvoir repartir après avoir été pendant 134 jours aux mains des pirates somaliens, est attendu la semaine prochaine au port de Mombasa, a-t-on appris vendredi de source maritime kényane.

«Le navire devait naviguer ce vendredi. Il n'a pas bougé pendant un moment et je pense qu'il va le faire lentement, sous escorte, et cela pourrait prendre jusqu'à quatre jours pour arriver à Mombasa», a déclaré Andrew Mwangura, responsable de la branche est-africaine d'un programme d'assistance aux marins basé au Kenya.

Selon des sources proches des négociations, le bateau n'avait pas assez de carburant pour arriver à Mombasa et devait auparavant avitailler.

Le MV Faina - qui transporte une cargaison controversée de 33 chars d'assaut, d'armes diverses et d'au moins 14.000 munitions - a été libéré jeudi contre rançon, selon le chef des pirates. La rançon aurait atteint 3,2 millions de dollars, selon les pirates et des sources proches des négociations.

Annoncée d'abord par la présidence ukrainienne et le chef des pirates, la libération du Faina a été confirmée jeudi soir par la marine américaine qui a indiqué avoir «maintenu une présence 24 heures sur 24 et sept jours sur sept, à portée de vue du navire» depuis son interception le 25 septembre dans l'océan Indien.

Le commandement central des forces navales américaines basées à Bahreïn a indiqué dans un communiqué qu'il avait fourni vendredi une assistance humanitaire à l'équipage. «Les marins du navire USS Mason ont été à bord du Faina pour une inspection sanitaire et une assistance en matière de nourriture, d'eau et de soutien médical», précise-t-il.

Deux jours après son interception, le capitaine russe du navire était mort, vraisemblablement d'hypertension, et le reste de l'équipage - 17 Ukrainiens, deux Russes et un Letton - a été retenu en otage dans des conditions difficiles.

La cargaison d'armes du MV Faina fait toujours l'objet de controverses. Le Kenya a affirmé qu'elle était destinée à son armée, tandis que plusieurs autres sources ont assuré qu'elle devait être livrée au gouvernement du Sud-Soudan.

Le comité sur les questions de défense et de relations étrangères du parlement kényan a indiqué avoir demandé au gouvernement de garantir la plus grande transparence lorsque le navire parviendra à Mombasa.

«Il y a eu beaucoup de controverses sur la destination des chars militaires», a affirmé à la presse le président du comité, Adan Keynan. «Afin de faire preuve de responsabilité face au peuple kényan, le ministère de la défense devrait assurer que le processus d'évacuation (de la cargaison) est ouvert et transparent. Les Kényans veulent savoir à qui va servir la cargaison», a-t-il dit.

M. Keynan a précisé que son comité était en train de rédiger un rapport visant à établir l'identité du destinataire final de la cargaison, avant d'exprimer des réserves sur le paiement d'une rançon pour libérer le Faina et son équipage, après quatre mois et demi de captivité.

Des négociations sérieuses pour la libération du navire n'ont commencé que quatre mois après le détournement du navire, l'un des actes de piraterie les plus longs et les plus dramatiques depuis la recrudescence en 2007 de la piraterie en Somalie.