Plus de 110 personnes sont mortes dans l'explosion samedi soir au Kenya d'un camion d'essence accidenté autour duquel elles s'étaient massées pour recueillir le carburant qui s'écoulait de la citerne.

«C'est une tragédie nationale», a déclaré dimanche aux journalistes le ministre kényan de l'Intérieur, George Saitoti, qui s'est rendu avec le premier ministre Raila Odinga sur les lieux de l'accident près de la ville de Molo (150 km au nord-ouest de Nairobi), dans la province de la Vallée du Rift.M. Saitoti a fait état en milieu de journée d'un bilan de 111 morts. Les services de secours ont en outre dénombré plus de 150 blessés.

«Quatre policiers qui s'étaient rendus sur place pour maîtriser la foule figurent parmi les morts», a précisé le ministre.

Des corps, brûlés au delà de toute identification possible, gisaient toujours plusieurs heures plus tard autour de la carcasse du poids-lourd alors que les secours s'affairaient encore à évacuer les blessés vers les hôpitaux de la région, a constaté un correspondant de l'AFP.

Des familles en pleurs étaient à la recherche de proches disparus. Plusieurs religieux priaient à la mémoire des victimes et tentaient de réconforter les survivants.

«J'ai perdu trois fils, et mon dernier est à l'hôpital sérieusement blessé. Un de ceux qui est mort devait entrer à l'école secondaire la semaine prochaine», témoignait un habitant, John Sang.

Sol jonché de bidons et de jerricans, véhicules déchiquetés, végétation carbonisée: les environs de l'accident présentaient un paysage de désolation totale, témoignant de la violence de l'explosion qui a été entendue à plusieurs kilomètres à la ronde.

«Je voyais beaucoup de monde sur le lieu de l'accident et je me suis précipité quand j'ai entendu qu'il y avait de l'essence. J'avais déjà ramené un jerrican à la maison et j'allais en prendre en deuxième quand j'ai entendu l'explosion», a raconté à l'AFP Michael Kerich, 25 ans, allongé sur une couverture à l'hôpital provincial de Nakuru, à une trentaine de kilomètres de Molo.

«C'était comme si tout s'était enflammé. Je ne sais même pas comment je me suis retrouvé ici», a-t-il ajouté.

Selon les premiers éléments de l'enquête, la plupart des victimes s'étaient ruées sur le lieu de l'accident du camion qui s'était renversé sur le bas-côté samedi soir.

Elles tentaient de récupérer le carburant qui s'écoulait lorsque la citerne a explosé, selon le porte-parole de la police Eric Kiraithe.

«Il y avait beaucoup de monde», a indiqué un porte-parole de la Croix-Rouge kényane, Titus Mung'ou, ajoutant: «c'est à ce moment que le camion a explosé. Le feu semble avoir été provoqué par quelque chose comme une boîte d'allumettes».

Selon certains témoins, l'incendie suivi de l'explosion pourrait avoir été déclenché par une cigarette.

«Des policiers sont sur le terrain pour enquêter», a déclaré de son côté le porte-parole de la police, selon qui la cause exacte de l'accident reste à établir.

Des accidents de ce type surviennent régulièrement au Nigeria, mais un tel désastre est sans précédent au Kenya, un pays qui a fait face récemment à des pénuries de carburants.

«C'est vraiment malheureux de perdre autant de vies en moins d'une semaine», a commenté le ministre de l'Intérieur. Mercredi, 25 personnes ont péri dans l'incendie d'un supermarché à Nairobi et les secours fouillaient toujours dimanche les décombres à la recherche d'éventuelles victimes supplémentaires.