La Mission de l'ONU en République démocratique du Congo (Monuc) a manifesté mercredi son soutien à l'opération conjointe des armées de Kinshasa et de Kigali contre les rebelles hutu rwandais dans l'est, en annonçant son appui logistique à l'armée congolaise.

«La Monuc va donner un appui logistique à l'opération en cours. Pour nous, la protection des populations est prioritaire et la Monuc ne peut pas rester à l'écart de cette opération. Nous devons être présents», a indiqué à l'AFP son porte-parole militaire, le lieutenant-colonel Jean-Paul Dietricht.

«Mais nous ne participerons pas directement aux opérations», a-t-il précisé.

La Monuc va fournir à l'armée congolaise (FARDC) un appui pour le transport de troupes et une assistance médicale. «C'est un soutien classique, que nous leur avons déjà donné», a expliqué le porte-parole.

La Monuc va également participer au processus d'intégration des rebelles du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), le mouvement du chef rebelle tutsi Laurent Nkunda, arrêté le 22 janvier au Rwanda.

Les Casques bleus «participeront au transport des combattants dans les centres de regroupement». «Le gouvernement nous a également demandé de participer à l'identification, la formation et l'entraînement», a poursuivi le porte-parole.

Une cérémonie était prévue mercredi dans le camp militaire de Rumangabo, dans la région du Rutshuru (province du Nord-Kivu) pour le début du processus d'intégration des rebelles qui doit s'effectuer par unité et non individuellement. Mais l'absence de certains commandants du CNDP en a retardé le début, a constaté un journaliste de l'AFP.

Selon le porte-parole de l'opération conjointe, le capitaine Olivier Hamuli, environ 6.200 éléments du CNDP sont concernés par cette opération d'intégration.

Huit officiers de liaison de la Monuc ont été dépêchés pour «améliorer la communication et coordonner les activités» de l'opération conjointe.

Dans un communiqué parvenu à l'AFP à Kinshasa, le chef de la Monuc, Alan Doss «insiste beaucoup sur la protection des civils dans de telles opérations».

«Nous sommes arrivés à un stade où les deux pays ont décidé de mettre fin à la menace des FDLR (rebelles hutu rwandais). Nous voulons éviter qu'il y ait des retombées négatives sur les populations civiles».

La Monuc s'engage aussi à faire «tous les efforts possibles pour convaincre des éléments des FDLR au rapatriement volontaire et à mener à bien conjointement avec le gouvernement le processus de stabilisation en cours».

A Kinshasa, le porte-parole militaire de la Monuc a précisé au cours d'une conférence de presse que la Monuc allait «redéployer vers l'ouest et le nord des unités afin de se rapprocher des zones FDLR et protéger ainsi les populations civiles».

Il a insisté sur «le climat de confiance restauré entre FARDC et Monuc», en référence au fait que l'ONU avait était tenue à l'écart du lancement de l'opération le 20 janvier entre forces armées congolaise et rwandaise.

Il a aussi indiqué que 15 personnes avaient été enlevées dans la province du Sud-Kivu, sans préciser les auteurs de l'enlèvement.

Enfin, la Monuc a estimé que le procès du chef de milice congolais Thomas Lubanga par la Cour pénale internationale à La Haye «ouvre une nouvelle ère en RDC parce qu'il marque le début de la fin de l'impunité».

Les armées congolaise et rwandaise ont enclenché le 20 janvier une opération conjointe contre les rebelles hutu rwandais des FDLR réfugiés dans l'est de la RDC depuis le génocide au Rwanda de 1994.