Bosco Ntaganda, le chef d'état-major de la rébellion congolaise du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), a réaffirmé à la presse jeudi avoir «renversé» Laurent Nkunda, assurant que ce changement à la tête du mouvement rebelle allait «favoriser la paix».

«Le chairman (président) a été renversé, mais le CNDP reste tel quel», a déclaré le général Ntaganda, au cours d'une conférence de presse organisée dans une petite localité du territoire du Masisi, zone sous contrôle rebelle dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC). «Nkunda était devenu un frein à la paix au sein du CNDP. Depuis longtemps, nous lui disions de quitter le pouvoir», a expliqué M. Ntaganda, vêtu pour l'occasion de son uniforme de parade de général de brigade.

«Ce changement à la tête du mouvement va favoriser le retour à la paix dans l'est de la RDC», a-t-il affirmé, assurant «avoir le soutien des membres du CNDP et des commandants des grandes unités» militaires.

Le général Ntaganda avait annoncé lundi dans un communiqué avoir démis de ses fonctions M. Nkunda notamment pour «mauvais leadership».

Cette annonce, apparemment sans effet sur le terrain, avait été démentie par le camp Nkunda qui assurent que les instances dirigeantes du mouvement restent inchangées et tentent depuis lors de «résoudre le problème» par la négociation.

«Il y avait des problèmes organisationnels et financiers, lui seul s'en occupait (...). L'argent du mouvement ne servait plus au CNDP, mais était géré par Nkunda comme s'il s'agissait de son argent de poche», a justifié le général Ntaganda.

«Aucune organe (du CNDP) ne travaillait, lui seul faisait tout», a-t-il accusé, promettant une «réunion du haut commandement aujourd'hui pour voir comment dénouer la crise et qui sera proposé pour être chef du CNDP selon l'armée».

«Nkunda n'a plus qualité de m'appeler pour venir répondre à une réunion. Mais s'il accepte de quitter le pouvoir, alors je suis d'accord» pour venir le rencontrer, a poursuivi le chef d'état-major, en référence aux multiples appels lancés par le camp Nkunda pour que Ntaganda vienne s'expliquer devant les instances dirigeantes du mouvement.

«Le CNDP a des revendications, et si le gouvernement de Kinshasa y répond, je suis prêt à ramener la paix», a-t-il ajouté, entouré de dizaines de gardes armés, et installé devant une petite cabane en roseau au sommet d'une colline de son fief de Kabati.

«Je n'ai aucun soutien du pays voisin (le Rwanda, ndlr) ou du gouvernement» congolais, a-t-il par ailleurs affirmé.