La médiation a enjoint mercredi la rébellion congolaise de Laurent Nkunda et le gouvernement de Kinshasa de s'accorder sur une trêve, à la reprise de négociations directes dont les progrès devraient être soumis prochainement aux chefs d'Etats de la région des Grands Lacs.

Suspendues le 20 décembre, ces négociations ont repris mercredi au siège des Nations unies à Nairobi sous les auspices de l'ex-président tanzanien et médiateur dans ces pourparlers, Benjamin Mkapa. Les deux délégations sont désormais composées de six membres chacune, a constaté un journaliste de l'AFP.«Il est (...) crucial pour vous, lors de cette session, de parvenir à un accord sur un cessez-le-feu formel et commun ou sur une trêve, afin de soulager la souffrance humaine qui continue à frapper les zones de conflit», a déclaré M. Mkapa avant d'entamer les discussions à huis-clos.

Lors de la reprise des combats fin août dans la province du Nord-Kivu (est de la République démocratique du Congo), la rébellion du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) avait infligé de cinglants revers à l'armée régulière, avançant jusqu'aux portes de Goma. Ces combats ont jeté plus de 250 000 déplacés sur les routes.

Après des défaites successives de l'armée, des négociations entre le gouvernement et le CNDP ont débuté en décembre à Nairobi sous la médiation du nigérian Olusegun Obasanjo, désigné par l'ONU.

Ce dernier, absent à la reprise des discussions, poursuivait mercredi des «consultations en relation avec les négociations», a expliqué M. Mkapa, son principal bras droit dans ce dossier.

La situation est depuis lors relativement calme sur le terrain, quoique tendue, les rebelles et l'armée régulière n'étant séparés que de quelques centaines de mètres à la périphérie de Goma.

«Lors de la dernière session, nous avons fait des progrès, quoique modestes, en s'accordant (...) sur les modalités des discussions. J'espère sincèrement que nous trouverons un accord rapidement sur le programme de travail et commencerons à cerner les problèmes (...) afin de débuter le processus de négociations lui-même», a détaillé M. Mpaka.

L'ancien président tanzanien a également annoncé que cette troisième session devait examiner la possibilité de la tenue rapide d'un sommet régional de chefs d'Etat sur le conflit dans l'est de la RDC.

«Les consultations progressent bien pour voir si un sommet des chefs d'Etat de la région des Grands Lacs peut être organisé d'ici la mi-janvier afin qu'ils puissent être informés des progrès réalisés et des obstacles qui persistent», a déclaré M. Mkapa à la presse.

M. Mkapa n'a pas précisé le lieu où ce sommet pourrait se tenir.

Ce nouveau round de discussion débute alors que le CNDP traverse une crise interne sérieuse.

La rébellion congolaise a mis en cause mardi son chef d'état-major Bosco Ntaganda, accusé de «haute trahison» pour avoir tenté de destituer et remplacer le chef rebelle tutsi Laurent Nkunda.

Une réunion du haut commandement militaire de la rébellion, prévue mardi à Rutshuru (est, 60 km au nord de la capitale du Nord-Kivu Goma), a été reportée à ce mercredi pour statuer sur le sort de M. Ntaganda, recherché par la Cour pénale internationale pour sa responsabilité présumé dans l'enrôlement d'enfants dans la province d'Ituri (nord-est) en 2002-2003.