Les patrouilles internationales ont réussi à réduire l'activité des pirates somaliens, indiquent les dernières données du Bureau maritime international. Le nombre d'attaques dans le golfe d'Aden a chuté de 16 à 10 entre novembre et décembre. Dans la première semaine de janvier, seule une des sept attaques de pirates dans la région a réussi. Les six autres équipages de pirates ont fui devant les hélicoptères ou les navires de guerre occidentaux, indiens ou chinois.

Au début de la semaine, une frégate française, le Jean de Vienne, a capturé 19 pirates en déjouant deux attaques contre des cargos croate et panaméen. Les pirates ont été livrés aux autorités de la région somalienne de Puntland.

 

L'escadre internationale a été renforcée, hier, par deux contre-torpilleurs chinois. C'est la première fois depuis le XVe siècle que des navires de guerre chinois sont utilisés ailleurs que le long des côtes du pays.

Ces attaques ratées sont aussi le reflet du recours à des compagnies privées de sécurité. «Nous croulons sous les demandes des armateurs», rapporte Graeme Gibbon Brooks, le fondateur de la compagnie londonienne Dryad Maritime Intelligence Service, en entrevue téléphonique. «Le golfe est tout simplement trop étendu pour que les navires de la coalition interviennent immédiatement. Il faut que les cargos puissent résister une petite heure.»

Chaque jour, une cinquantaine de navires entre dans le golfe d'Aden, qui fait près d'un millier de kilomètres de long. La traversée prend quatre jours. Chaque navire de la coalition doit s'occuper d'un secteur d'environ 100 kilomètres de long.

Moyens de défense non mortels

Selon M. Brooks, qui travaillait auparavant dans la marine britannique, un cargo attaqué par les pirates doit attendre jusqu'à trois heures avant de voir arriver un navire de guerre, ou trois quarts d'heure avant la venue d'un hélicoptère.

Certaines des récentes attaques ont été enrayées à l'aide de boyaux d'arrosage à haute pression. «On ne peut pas transporter d'armes à bord, dit M. Brooks. Alors, il faut avoir des moyens de défense non mortels.»

En décembre, des mercenaires - toujours sans armes - à bord d'un cargo grec n'ont pu empêcher sa capture par des pirates. Cela montre, selon M. Brooks, l'importance de la fuite.

«Notre activité principale est d'enseigner aux officiers à reconnaître rapidement les pirates. Il y a des centaines de pêcheurs dans ces eaux. On entend toujours sur les ondes des alertes non fondées qui se révèlent simplement être des pêcheurs curieux. Les pirates en profitent pour s'approcher.»

Quels sont les meilleurs trucs?

«Ce sont des informations que nous vendons, répond M. Brooks. Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'une accélération soudaine n'est pas un signe concluant. Et pour les rares cargos qui ont des armes à bord, il ne suffit pas de tirer des coups de semonce. Des pêcheurs yéménites qui voient des coups de feu vont répliquer parce qu'ils croiront être sous attaque.

«D'ailleurs, nous tentons de mettre en place des normes pour l'industrie de la protection maritime pour s'assurer que nous n'alimentons pas l'hostilité des pêcheurs.»

L'ancien militaire britannique est sceptique quant à l'efficacité de la résolution de l'ONU permettant de poursuivre les pirates sur terre.

«Une fois qu'ils sont débarqués, les pirates se fondent parfaitement dans la population. Ils ne se promènent pas avec un bandeau sur un oeil.»