La situation dans la région du Darfour se détériore et les violences augmentent, selon un rapport publié mardi par plusieurs organisations de défense des droits de l'Homme, qui accusent le gouvernement soudanais d'entretenir la guerre civile.

Le rapport rejette les déclarations du gouvernement soudanais selon lesquelles la situation s'améliore dans la région et accuse les autorités d'entretenir la guerre, de freiner l'aide humanitaire et de tenter de persuader le Conseil de sécurité de l'ONU de suspendre la procédure visant le président soudanais Omar el-Béchir.

En juillet, le procureur de la la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno-Ocampo, a demandé l'émission d'un mandat d'arrêt contre le président soudanais, qu'il accuse de génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité au Darfour. Les juges de la CPI n'ont pas encore rendu leur décision.

Le rapport, intitulé «Soudan: rhétorique contre réalité au Darfour», a été publié alors que le procureur de la CPI doit faire un point sur la situation mercredi devant le Conseil de sécurité.

Parmi les organisations à l'origine du rapport figurent notamment Human Rights Watch, Save Darfur coalition et Human Rights First.

«Des millions de personnes vivent sous la menace de violences et sont dépendantes de l'aide humanitaire, freinée, voire entièrement bloquée par l'insécurité et les difficultés administratives», estime Julia Fromholz, directrice du programme des crimes contre l'humanité de l'organisation Human Rights First.

A force de bombardements et d'affrontements, le gouvernement soudanais a contraint 90.000 personnes à fuir en l'espace de quelques mois, entre juillet et octobre, selon le rapport.

Et même après le cessez-le-feu déclaré en novembre par le président soudanais, l'armée a continué à bombarder les villages au nord et à l'ouest du Darfour.

Critiquant l'obstruction de Khartoum à l'encontre des travailleurs humanitaires, les organisations affirment dans le rapport que 170 humanitaires ont été enlevés et 11 tués depuis janvier.

Le coordinateur de la mission humanitaire de l'ONU, John Holmes, a également estimé dimanche, à l'issue d'une visite de six jours au Soudan, que la situation sur place était de plus en plus dangereuse.

Le conflit au Darfour (ouest du Soudan) a débuté en février 2003, quand des rebelles ont pris les armes contre le régime islamiste du président soudanais.

Depuis, la rébellion a éclaté en une myriade de groupes, rendant difficile un règlement pacifique du conflit, qui a fait jusqu'à 300.000 morts selon l'ONU, quelque 10.000 selon Khartoum.

Egalement selon l'ONU, 4,7 millions de personnes reçoivent de l'aide humanitaire au Darfour, sur une population de 6 millions. Quelque 2,7 millions de déplacés ont été enregistrés dans des camps, le mois dernier.