Au moins quatre journalistes, dont un Espagnol, un Britannique et deux Somaliens, ont été enlevés mercredi par des miliciens armés à Bosasso, dans le nord-est de la Somalie, où les prises d'otage de reporters et de travailleurs humanitaires se multiplient.

«Nous avons des informations selon lesquelles deux journalistes étrangers ont été enlevés avec deux journalistes locaux. Les étrangers sont un Britannique et un Espagnol», a déclaré à l'AFP par téléphone Abdulkabier Musa, ministre adjoint des Ports maritimes du Puntland, province semi-autonome dont Bosasso est la principale ville. L'Espagnol enlevé est le photographe José Cendon, a affirmé le ministère espagnol des Affaires étrangères. Basé à Addis Abeba, José Cendon travaille dans l'est de l'Afrique en tant que collaborateur de plusieurs médias, dont l'AFP, pour laquelle il n'était pas en mission au moment de son enlèvement.

Le conseiller présidentiel du Puntland, Bile Mohamoud Qabowsade, avait précédemment fait état à l'AFP de l'enlèvement d'un Français et d'un Espagnol.

«C'est arrivé vers 11H00 locales quand ils quittaient leur hôtel pour se rendre à l'aéroport. Personne jusqu'à présent n'a revendiqué cet enlèvement. Nous n'avons aucune trace du chauffeur ou de leur voiture», a poursuivi le ministre des Ports maritimes.

Selon lui, «une opération de la police est en cours: les policiers ont fermé toutes les sorties de Bosasso et lancé leurs investigations pour essayer de collecter des témoignages et de trouver où ils sont et qui les a kidnappés».

Le directeur de l'hôtel International Village, où les deux Européens étaient descendus, Abdullahi Yusuf, a indiqué que les deux journalistes avaient «quitté l'hôtel vers 10H00». «Ils avaient réservé leur vol la veille et m'avaient dit qu'ils allaient à Djibouti», a-t-il dit.

«Leur fixeur (assistant local) est passé les prendre avec les mêmes gardes de sécurité qui les protégeaient. Ensuite un agent de la compagnie à l'aéroport m'a appelé pour demander où ils étaient parce qu'ils ne s'étaient pas présentés. C'est là que j'ai compris qu'ils avaient probablement été enlevés», a ajouté le directeur.

«Ils ont fait leur réservation hier et sont venus au bureau», a déclaré à l'AFP l'agent de la compagnie aérienne Dallo à Bosasso, Mohamed Sheikh, assurant qu'il n'avait pas vu les deux journalistes.

Une source aéroportuaire jointe à Djibouti a confirmé à l'AFP l'arrivée du vol de Dallo en provenance de Bosasso et indiqué que les deux journalistes n'étaient pas arrivés à destination, une information confirmée également par la police de l'air et des frontières djiboutienne.

L'identité exacte des otages n'a pas encore été précisée.

Les journalistes internationaux et des travailleurs humanitaires sont régulièrement la cible des milices armées à Bosasso, un port qui sert de base aux contrebandiers, trafiquants d'armes et passeurs de clandestins souhaitant traverser le golfe d'Aden.

Le Puntland, un État autoproclamé du nord-est de la Somalie, est également la base arrière de la majorité des groupes de pirates qui écument les eaux du golfe d'Aden et ont capturé le 15 novembre le Sirius Star, un superpétrolier saoudien pour lequel ils demandent une rançon de 25 millions de dollars.

En août, deux journalistes indépendants, un Australien et une Canadienne, avaient été kidnappés aux abords de la capitale somalienne, Mogadiscio.

En décembre 2007, un cameraman français avait été enlevé et détenu pendant huit jours par une milice locale de Bosasso.

Un Allemand et son épouse somalienne avaient également été brièvement kidnappés au Puntland en septembre.