Les pirates somaliens étaient engagés mardi dans d'âpres négociations avec les propriétaires de plusieurs navires capturés au large de la Somalie, dont le superpétrolier saoudien détourné le 15 novembre et un cargo ukrainien retenu depuis deux mois avec sa cargaison de tanks.

«Les négociations se poursuivent avec les propriétaires du tanker. J'espère qu'ils comprendront la situation», a déclaré le porte-parole des pirates Mohamed Said, joint par l'AFP au téléphone à Harardhere, port côtier somalien où est actuellement ancré le Sirius Star.

«Le prix n'a pas changé», soit 25 millions de dollars, a-t-il affirmé alors que diverses informations faisaient état d'une révision à la baisse du montant de la rançon demandée.

La capture du Sirius Star - 330 mètres de long et une cargaison de 300.000 tonnes de pétrole estimée à 100 millions de dollars - est l'opération la plus spectaculaire jamais menée par des pirates somaliens.

Le superpétrolier, pris d'assaut en plein océan Indien, est au mouillage depuis dix jours dans la zone d'Harardhere, à 300 km au nord de Mogadiscio, un des nombreux repaires de pirates de la côte somalienne.

Ce week-end, la tension était montée d'un cran à Harardhere, les insurgés islamistes radicaux, les shebab qui contrôlent la plus grande partie du pays, ayant massé des hommes dans la zone et menacé d'attaquer les pirates.

Interrogé sur ce point, Mohamed Said a affirmé que les pirates avaient renforcé leur dispositif à terre: «Nous avons une présence encore plus forte à Harardhere et il n'y a aucune menace à terre».

Le porte-parole des pirates a également assuré que les 25 membres d'équipage étaient traités «de façon bien élevée».

Un autre groupe de pirates a radicalement revu à la baisse la rançon demandée pour le cargo ukrainien MV Faina, capturé le 25 septembre avec sa cargaison d'armes et de 33 chars T-72 de conception soviétique.

«Nous demandons trois millions de dollars pour libérer le MV Faina», a affirmé Sugule Ali, porte-parole du groupe de pirates qui a capturé le navire, alors que la rançon initiale était de 35 millions.

«Nous perdons beaucoup de temps en attendant une solution à ces négociations prolongées. L'armateur devrait saisir immédiatement cette opportunité pour recouvrer sa propriété», a-t-il ajouté par téléphone depuis le MV Faina.

Les pirates avaient déjà revu à la baisse, à 8 millions de dollars, leurs prétentions pour libérer le navire, sa vingtaine de membres d'équipage et sa cargaison.

Une autre négociation se trouvait «proche d'un accord» avec un groupe de pirates non identifiés pour la libération d'un tanker turc chargé de 4.500 tonnes de produits chimiques, capturé le 12 novembre dans le golfe d'Aden.

«Nous sommes en négociations avec les pirates sur le montant d'une rançon qu'ils nous ont demandée. Nous sommes proches d'un accord», a indiqué Kubilay Marangoz, un avocat de la firme maritime YDC propriétaire du navire, sans préciser le montant de cette rançon.

D'autres pirates demandent également deux millions de dollars pour libérer un cargo yéménite capturé ces derniers jours dans le golfe d'Aden, a indiqué une source officielle à Sanaa.

Selon le Bureau maritime international (BMI), la situation au large des côtes somaliennes est devenue «hors de contrôle». Près de 40 navires ont été capturés depuis le début de l'année, dont au moins 17 sont toujours aux mains des pirates avec 250 membres d'équipage.

L'Union européenne (UE) a donné son feu vert le 10 novembre à sa première mission navale pour lutter contre la piraterie au large de la Somalie et l'Espagne a annoncé mardi l'envoi début 2009 d'une frégate dans le cadre de cette mission.