Le Conseil de sécurité a octroyé jeudi plus de 3.000 hommes supplémentaires à la force de l'ONU en République démocratique du Congo (Monuc), pour lui permettre de mieux faire face à une situation militaire et humanitaire critique dans l'est du pays.

Dans sa résolution 1843, adoptée à l'unanimité de ses quinze membres, le Conseil autorise «une augmentation temporaire d'un maximum de 2785 hommes des effectifs militaires» de la Monuc «et de 300 hommes au maximum de ses effectifs de police». La Monuc compte déjà quelque 17.000 Casques bleus et policiers.

Cette augmentation temporaire de personnels est prévue jusqu'au 31 décembre mais est renouvelable en même temps que le mandat de la Monuc, qui expire à cette date.

Le texte souligne que cette mesure «vise à permettre à la Monuc de renforcer sa capacité de défense des civils, reconfigurer sa structure et ses forces et optimiser leur déploiement».

Enfin, le projet «souligne l'importance que la Monuc s'acquitte pleinement de son mandat, y compris par des règles d'engagement solides».

Ce paragraphe vise à rappeler que selon l'ONU la Monuc, qui opère sous chapitre VII de la Charte des Nations unies autorisant l'usage de la force, est habilitée à utiliser tous ses moyens pour protéger les populations.

La résolution a été rédigée par la France et co-parrainée par plusieurs autres Etats membres: Belgique, Costa Rica, Etats-Unis, Grande-Bretagne et Italie.

Déployée depuis 2001, la Monuc est la plus importante mission de paix actuelle des Nations unies, avec 17.000 soldats, dont environ 5.000 dans la province du Nord-Kivu (est) où les combats ont repris depuis fin août entre la rébellion du général déchu Laurent Nkunda et l'armée congolaise.

Les combats quasi-quotidiens auxquels prennent part de multiples groupes armés ont créé une situation alarmante sur le plan humanitaire, des dizaines de milliers de civils ayant été jetés sur les routes où ils sont fréquemment victimes d'exactions.

Affirmant que la Monuc était sollicitée à la limite de ses capacités sur un territoire grand comme l'Europe occidentale, son chef, le représentant de l'ONU en RDC Alan Doss, avait demandé dès début octobre une augmentation de ses effectifs.

Dans un premier temps, le Conseil de sécurité a dû surmonter les réticences de certains de ses membres, qui préféraient une restructuration de la Monuc à une augmentation de ses effectifs. Ils arguaient notamment que les capacités de maintien de la paix de l'ONU n'ont jamais été autant sollicitées, avec plus de 110.000 Casques bleus déployés à travers le monde.

Mais la détérioration constante de la situation au Nord-Kivu a eu raison des réserves.

Dans son explication de vote, l'ambassadeur d'Afrique du sud, Dumisani Kumalo, a relevé que «la situation dans l'est du Congo, particulièrement autour de Goma, se détériore rapidement», notamment sur le plan humanitaire.

Il a souligné que l'autorisation de troupes supplémentaires devait être vu comme «un accompagnement du processus politique» visant à faire cesser les combats et à ramener les belligérants à la table de négociation.

Après l'adoption, l'ambassadeur de France, Jean-Maurice Ripert, a dit à la presse sa satisfaction que le Conseil ait ainsi répondu «aux demandes pressantes du département de maintien de la paix» de l'ONU.

«La situation sur le terrain est suffisamment grave, les violations du cessez-le-feu continuent, un certain nombre d'exactions malheureusement se poursuivent, la situation humanitaire pour les déplacés est encore mauvaise, il est donc nécessaire d'accompagner le processus politique, que nous soutenons, (...) par un renforcement des structures militaires», a-t-il expliqué.