La rébellion aux abords de deux villes de l'est de la République démocratique du Congo (RDC) a annoncé mardi le retrait de ses troupes de 40 km sur le front nord pour donner «une chance à la paix» dans cette région où de nouveaux incidents impliquant l'armée ont éclaté.

Cette annonce intervient deux jours après une rencontre entre le chef rebelle Laurent Nkunda et l'envoyé spécial de l'ONU pour la RDC, Olusegun Obasanjo.

Toutefois, ce retrait ne concerne pas le front le plus sensible, celui situé à une dizaine de kilomètres de Goma, ville d'un demi-million de personnes et capitale de la province du Nord-Kivu.

La décision d'un retrait a été prise lors d'une réunion mardi du bureau politique de la rébellion du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), selon un communiqué du CNDP.

La rébellion «devra opérer un retrait unilatéral de ses troupes sur une distance de 40 km à la fois sur l'axe Kanyabayonga-Nyanzale et sur l'axe Kabasha-Kiwanja», des fronts situés à environ 80 km au nord et au nord-ouest de Goma, précise le texte.

«L'ordre a été donné à l'état-major de l'armée du CNDP de commencer le retrait immédiatement», a expliqué à l'AFP le porte-parole de la rébellion, Bertrand Bisimwa.

Par ce geste, le CNDP entend «donner une nouvelle chance à la paix et conforter son excellence Olusegun Obasanjo dans ses efforts de médiation» dans la province du Nord-Kivu, où les combats ont repris depuis fin août entre l'armée et le CNDP.

La rébellion a en outre demandé à la Mission des Nations unies en RDC (Monuc) «de prendre en charge la sécurité de ces zones de séparation et de s'assurer qu'aucune autre force ne vienne l'occuper, parce qu'une telle occupation rendrait immédiatement caduque la décision de retrait du CNDP.»

La Monuc, qui dispose de 17.000 casques bleus en RDC, a affirmé à l'AFP n'avoir «pas encore été contactée formellement» par le CNDP. Mais son annonce est «un pas dans la bonne direction», selon le porte-parole militaire de la Monuc, le lieutenant-colonel Jean-Paul Dietrich.

Par ailleurs, selon la Monuc, des combats ont éclaté mardi entre l'armée et des miliciens Maï-Maï pro-gouvernementaux à une vingtaine de km au nord de Kanyabayonga.

Une méprise serait à l'origine de ces affrontements: des éléments Maï-Maï, qui étaient en embuscade pour prévenir une éventuelle avancée du CNDP, ont tiré sur des soldats qui se redéployaient, les confondant avec des rebelles, a expliqué le chef local Maï-Maï, le général Lafontaine.

«Furieux» de cet incident, «des militaires ont commencé à s'en prendre à la population» dans les localités voisines de Kirumba et Kayna, a-t-il raconté, faisant état de pillages commis par des soldats.

Selon une source administrative à Kirumba, les tirs se poursuivaient en fin de matinée à Kirumba et Kayna, d'où la plupart des habitants ont fui.

Tout ce secteur clé de Kanyabayonga-Kayna-Kirumba avait été la semaine dernière le théâtre de pillages et exactions perpétrés par des soldats, selon l'ONU. Des miliciens Maï-Maï s'étaient alors opposés aux pillages et à la fuite de militaires de l'armée régulière.

Mardi, Kanyabayonga était désertée de ses habitants, avec de très nombreuses maisons pillées et les magasins fermés, a constaté une journaliste de l'AFP. Seuls quelques groupes de soldats, désoeuvrés et Kalachnikov en bandoulière, déambulaient dans les rues.

L'armée congolaise a subi ces dernières semaines plusieurs défaites dans le Nord-Kivu face à la rébellion de Laurent Nkunda.

Dans ce contexte, le président Joseph Kabila, qui travaille dans la capitale Kinshasa, à 1.500 km à l'ouest du front, a nommé lundi un nouveau chef d'état-major des armées. Il a en outre décidé d'aménager un de ses bureaux dans le parlement, ce qui suscite des inquiétudes dans la classe politique qui voit là une violation de la séparation des pouvoirs législatif et exécutif.