L'ONU a accusé hier la rébellion dans l'est du Congo de violer son cessez-le-feu annoncé la veille par le général pro-rwandais Laurent Nkunda après sa rencontre avec l'émissaire onusien Olusegun Obasanjo, ancien président du Nigeria.

Le CNDP de Nkunda a justifié son avancée par des «provocations» de l'armée congolaise qui, en trois jours, aurait «multiplié les attaques».

À Kinshasa, le président Joseph Kabila a nommé un nouveau chef d'état-major à la tête des armées, au sein desquelles loyalistes et ex-rebelles s'intègrent mal.

«Vu la nécessité et l'urgence», le général Didier Etumba Longomba est nommé chef d'état-major, en remplacement de Dieudonné Kayembe, selon un décret du chef de l'État lu à la télévision nationale.

Le général Longomba, qui a servi dans les ex-Forces armées zaïroises (FAZ) sous le régime Mobutu, est de la province de l'Équateur et dirigeait jusqu'ici la force navale.

Demandes de Nkunda

Ce changement intervient après les défaites de l'armée congolaise face à la rébellion soutenue par le Rwanda, et positionnée depuis fin octobre aux portes de Goma, capitale de la province du Nord-Kivu. Des soldats de l'armée régulière se sont aussi livrés à des pillages et exactions autour de Goma.

À sa rencontre avec Obasanjo, Nkunda a émis huit demandes, dont celle d'avoir de négociations directes avec le gouvernement, selon une note interne de la Mission de l'ONU en RDC (MONUC).

Le chef du CNDP, qui a pris l'initiative de relancer la guerre dans l'Est, a aussi exigé la renégociation de tous les contrats miniers signés par Kinshasa avec des entreprises chinoises. Kinshasa renégocie actuellement des dizaines de contrats conclus dans les années 1990 avec des entreprises occidentales.

C'est la première fois que le CNDP s'attaque publiquement aux Chinois, et sa demande dramatise davantage l'importance des intérêts économiques en jeu dans le conflit.

Droits de la personne

Dans son décret d'hier, Kabila a d'ailleurs ordonné la création d'organismes publics liés aux intérêts chinois: le Bureau de coordination et de suivi des accords avec la Chine, et l'Agence congolaise pour les grands travaux.

Les Chinois investissent beaucoup en RDC, construisant des routes, des logements et des hôpitaux, et s'implantent aussi dans le secteur minier.

Nkunda reprend enfin la vieille demande du Rwanda que les forces congolaises cessent toute «coopération» avec les rebelles hutus rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), installées dans l'est du pays.

À Londres, une quarantaine d'ONG, dont Amnesty International et Human Rights Watch, ont demandé au Conseil des droits de l'homme de l'ONU de convoquer une session spéciale sur la situation au Congo.