Un supertanker saoudien est tombé entre les mains de pirates lundi en plein océan Indien et faisait route vers la Somalie, une attaque qui marque une nouvelle escalade dans cette zone devenue particulièrement périlleuse pour la marine marchande.

«D'après le dernier rapport que nous avons, le navire est en train de s'approcher du port d'Eyl» sur la côte nord de la Somalie, a déclaré à l'AFP une porte-parole de la Ve Flotte américaine, basée à Bahreïn.

La porte-parole, jointe par téléphone de Dubaï, a laissé entendre clairement que le superpétrolier avait été saisi par des pirates somaliens. Selon elle, la route du navire ne faisait que confirmer la région d'origine des assaillants.

Elle n'a par ailleurs par confirmé une information de la chaîne de télévision à capitaux saoudiens Al-Arabiya qui avait annoncé, citant «une source saoudienne» non identifiée, la fin de l'acte de piraterie.

Mais la télévision, basée à Dubaï, a ensuite adopté un ton plus prudent en parlant d'informations contradictoires sur le sort du navire.

Le Sirius Star, qui appartient au géant pétrolier saoudien, Aramco, et qui bat pavillon libérien, a été attaqué lundi à plus de 450 milles nautiques (800 km) au sud-est de Mombasa au Kenya, selon la Ve Flotte.

L'attaque s'est produite en très haute haute mer dans l'océan Indien, bien loin du golfe d'Aden et de la mer d'Arabie où se sont multipliés les actes de piraterie attribués à des hommes armés basés en Somalie, pays livré au chaos depuis le début d'une guerre civile en 1991.

Son équipage est composé de 25 membres, dont des ressortissants de Grande-Bretagne, de Croatie, de Pologne, d'Arabie saoudite et des Philippines. Le navire de 318.000 tonnes a été lancé cette année.

Un porte-parole d'Aramaco, contacté par l'AFP, a dit ne pas savoir si le tanker était chargé, d'où il venait et où il allait. L'opérateur du Sirius Star, la compagnie Vela International, était injoignable en soirée.

Cette attaque intervient alors que les actes de piraterie au large de la Somalie ont atteint un niveau record depuis le début de l'année.

Au moins 83 bateaux étrangers ont été attaqués par des pirates somaliens dans l'océan Indien et le golfe d'Aden cette année, le double du bilan de 2007, selon le Bureau maritime international.

Dimanche, des pirates somaliens ont détourné au large du golfe d'Aden un cargo japonais, tandis qu'un chimiquier japonais et ses marins, otages depuis six mois, ont été libérés et qu'un patrouilleur russe a mis en fuite des pirates qui tentaient de prendre d'assaut un navire saoudien.

Des pirates retiennent notamment depuis le 25 septembre un cargo ukrainien, le Faina, chargé de chars.

Le Conseil de sécurité de l'ONU avait adopté le 2 juin une résolution permettant à des navires de guerre de traquer des pirates dans les eaux somaliennes considérées comme les plus dangereuses du monde.

De son côté, l'Union européenne a approuvé le 10 novembre la première opération navale de son histoire pour lutter contre la piraterie dans cette zone.

L'Eunavfor, la force navale chargée de cette opération, sera composée d'au moins sept navires et bénéficiera de l'appui d'avions de patrouille maritime.

Les États-Unis et certains de leurs alliés occidentaux maintiennent une présence navale au large de la Somalie.

L'armateur norvégien Odfjell a annoncé lundi qu'il renonçait désormais à faire transiter ses navires par le golfe d'Aden, théâtre d'un nombre croissant d'actes de piraterie, préférant emprunter la route plus longue, plus coûteuse mais aussi plus sûre du cap de Bonne-Espérance, au large de l'Afrique du sud.