Des Haïtiens en colère ont pris d'assaut dimanche la carcasse tordue de l'école La Promesse effondrée pour demander aux sauveteurs d'accélérer la recherche des victimes, alors que les autorités locales s'inquiétaient de la solidité d'autres bâtiments dans ce pays parmi les plus pauvres du monde.

L'affaissement du bâtiment a causé la mort d'au moins 88 personnes, écoliers et adultes, dans ce bidonville proche d'un quartier plus favorisé en périphérie de Port-au-Prince. Le désastre a attiré l'attention du monde entier sur ce pays dramatiquement pauvre où les quartiers sont établis sans plan d'aménagement des sols cohérent et les normes de construction sont largement ignorées.Le président René Préval s'est rendu plusieurs fois sur les lieux, avant de déplorer les changements continuels au sein du gouvernement et le manque des respect des lois qui ont permis l'effondrement de ce bâtiment scolaire. «Il y a un code qui existe, mais ils ne le suivent pas. Ce dont nous avons besoin, c'est de stabilité politique» a déclaré René Préval à l'Associated Press.

Stephen Benoit, représentant de Pétionville au parlement, a qualifié la tragédie d'"occasion en or de traiter le problème de ces constructions anarchiques». «Il nous faut une nouvelle ville. Ceci est une catastrophe, mais il y en aura d'autres» a prédit le député, qui suggère de geler pendant un an les dépenses du gouvernement en voitures et voyages officiels pour aider à la reconstruction des baraques insalubres.

Le parlementaire estime que quelque deux millions d'Haïtiens vivent dans des taudis délabrés dans cette nation de 9 millions d'habitants. Les collines sont parsemées de maisons sordides, d'églises miteuses et d'écoles bâties avec peu de moyens comme celle qui s'est effondrée vendredi.

La colère se lisait sur le visage de milliers d'Haïtiens qui regardaient la progression des sauveteurs sous un soleil dardant, alors que l'odeur des corps décomposés commençait à s'élever des décombres. Une centaine d'hommes du cru se sont confrontés à un pilier branlant de l'édifice à un moment, martelant les débris et tentant de bouger une dalle qui pourrait causer un nouvel effondrement.

«Nous n'avons pas besoin d'argent pour faire le travail» ont psalmodié des milliers d'habitants autour du chantier, faisant écho à une rumeur qui dit que les sauveteurs internationaux prennent leur temps pour gagner plus.

«Tout le monde est frustré et on commence à sentir les corps» a commenté Emmane Petithomme, 25 ans.

Pierre Kaje, un vendeur ambulant qui vit à proximité, s'est inquiété des maisons du voisinage, certaines valant plusieurs milliers de dollars, des années de salaire ici. «J'ai peur que ces maisons tombent parce qu'elles sont trop proches du ravin» a-t-il redouté. «mais nous n'avons pas le choix. C'est ce que nous pouvons avoir avec l'argent dont nous disposons» a-t-il précisé.