Près de 4 millions de Zambiens étaient appelés aux urnes jeudi pour un scrutin présidentiel particulièrement tendu, le leader de l'opposition Michael Sata ayant accusé la police et la commission électorale de tentatives de fraudes et répétant qu'il rejetterait des «résultats truqués».

Après avoir déposé son bulletin dans l'urne, Michael Sata a de nouveau affirmé que le Mouvement pour la démocratie multipartite (MMD) de son principal rival, le président par intérim Rupiah Banda, ne pouvait légalement remporter cette élection.

«En aucun cas, le MMD ne peut gagner», a-t-il déclaré, estimant que si le parti au pouvoir l'emportait «cela signifierait qu'ils ont triché».

«Nous savons que la police et la commission électorale sont impliquées dans les tentatives de fraudes», a encore accusé le chef du Front patriotique (PF).

Ce septuagénaire au discours populiste a prévenu depuis la semaine dernière qu'il ne reconnaîtrait pas les résultats de ce scrutin, organisé après le décès en août du président Levy Mwanawasa, s'il les considérait truqués en faveur du président par intérim.

Les autorités ont placé mercredi en état d'alerte l'armée et la police après des échauffourées entre policiers et militants de l'opposition à Livingstone, à la frontière du Zimbabwe.

«Nous sommes ici pour voter et nous ne votons pas pour la violence», a toutefois assuré jeudi M. Sata.

Malgré ce contexte tendu, le vote se déroulait jeudi dans le calme.

Selon le chef de la mission d'observateurs de l'Union africaine (UA), Anil Gayan, «le déroulement de scrutin est un peu lent». «Mais je crois que cela va s'améliorer dans la journée», a-t-il déclaré dans la matinée.

Les électeurs, qui attendaient patiemment de voter devant quelques policiers déployés à l'extérieur des bureaux de vote, craignaient de revivre une nouvelle flambée de violences comme en 2006.

Lors de ce dernier scrutin, Michael Sata avait critiqué les résultats et ses partisans s'étaient opposés aux forces de l'ordre pendant plusieurs jours après l'annonce de la victoire de M. Mwanawasa.

«Je suis allé dans les quartiers et les trois-quarts des gens disent qu'ils veulent du changement. Des troubles peuvent surgir si les résultats sont en faveur du parti au pouvoir», lance Barry Lukwesa, un chômeur de 25 ans, dans une des files d'attente.

Pour calmer les esprits, M. Banda s'est voulu ferme et a mis en garde ses opposants contre toute tentative de violences.

«Personne n'a le droit de perturber la paix dans ce pays. Jusqu'à ce que le résultat de l'élection soit annoncé, je reste président et je ne permettrai pas ça», a déclaré mercredi ce diplomate chevronné lors de son dernier meeting de campagne.

A 71 ans, l'ancien vice-président du pays prône la continuité. Il a promis de poursuivre la politique économique de son prédécesseur, de combattre la pauvreté et de «garantir l'unité dans ce pays».

Michael Sata, qui a été plusieurs fois ministres dans les précédents gouvernements, joue la carte du «sauveur» pour les 64% d'habitants qui vivent avec moins de deux dollars par jour et a promis de transformer en quelques semaines la Zambie en cas de victoire.

Outre ces deux favoris, Hakainde Hichilema du Parti uni pour le développement national (UPDN), arrivé troisième lors de la dernière élection, et l'ancien vice-président Godfrey Miyanda du Parti de l'Héritage (HP) sont en lice.

Les bureaux de vote fermeront à 18H00 (10 h HAE) et les autorités n'ont pas encore annoncé la date du dépouillement. Selon les médias zambiens, les premiers résultats partiels devraient être annoncés vendredi.