Le chef rebelle tutsi congolais Laurent Nkunda a assuré jeudi que la Mission de l'ONU en République démocratique du Congo (Monuc) ne «pourra pas l'empêcher» de prendre Goma, capitale du Nord-Kivu (est de la RDC), dans un entretien par téléphone avec l'AFP à Kampala.

«La Monuc ne peut pas m'empêcher d'aller à Goma», a déclaré à l'AFP le général déchu, qui s'exprimait en anglais.

«Ils (Monuc) sont incapables d'assurer la sécurité de la population de Goma, donc comment pourraient-ils m'interdire d'aller là-bas. Ils ne m'en empêcheront pas, je peux aller partout au Congo», a lancé le chef rebelle.

La Monuc était jeudi pratiquement seule face aux rebelles du général Nkunda à Goma, la plupart des soldats des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ayant abandonné Goma mercredi devant l'avancée des rebelles.

Laurent Nkunda a cependant proclamé mercredi soir un cessez-le-feu unilatéral pour «ne pas paniquer la population de Goma» et les déplacés se trouvant dans des camps aux environs de la ville.

«Nous respecterons la Monuc (...) Mais s'ils nous tirent dessus, ce sont des soldats, nous devrons nous défendre», a-t-il ajouté.

«Si la Monuc est incapable de sécuriser Goma, alors je dois le faire», a poursuivi le chef rebelle, en assurant que la prise de la ville n'était pas un objectif stratégique.

«Si j'avais voulu aller à Goma, je l'aurais fait hier» mercredi, a-t-il affirmé, ajoutant: «nous ne pouvons menacer les populations déplacées (...) Nous demandons aux gens de rentrer chez eux. Nous les protégeons dans notre zone».

Le chef rebelle a également dit «vouloir aider la communauté internationale à aider» la population locale et être «en train d'écrire une lettre à la Monuc» à ce propos.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné mercredi l'avancée des rebelles de Laurent Nkunda sur Goma et exprimé son inquiétude quant à des informations faisant état de tirs à la frontière avec le Rwanda.

Les 15 membres du Conseil de sécurité ont adopté à l'unanimité une déclaration non contraignante condamnant l'offensive menée par les forces de Laurent Nkunda, demandant à ce qu'il soit mis «fin aux opérations».

La récente escalade de la violence dans le Nord-Kivu a déjà poussé des dizaines de milliers de réfugiés sur les routes.