L'ONU est intervenue mardi pour stopper la progression des rebelles congolais de Laurent Nkunda vers Goma dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), où des milliers de civils continuaient de fuir les fronts qui se multiplient dans le Nord-Kivu.

La Mission de l'ONU en RDC (Monuc) est intervenue avec ses hélicoptères de combat contre les hommes du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) du chef rebelle tutsi congolais Laurent Nkunda dans la zone de Kibumba, à 30 km au nord de Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu. «Nous ferons tout ce qui est nécessaire pour défendre la ville (de Goma) et empêcher une catastrophe humanitaire», a prévenu le chef de la Monuc Alan Doss, qualifiant la situation de «très instable».

La porte-parole de la Monuc à Goma, Sylvie Van der Wildenberg, avait auparavant indiqué à l'AFP que «l'utilisation (des) hélicoptères de combat contre le CNDP dans la zone de Kibumba (avait permis) de disperser les rebelles et de bloquer leur progression».

Des combats entre les hommes de Nkunda et l'armée congolaise (FARDC) étaient aussi signalés plus au nord, vers le centre administratif de Rutshuru, à une centaine de km de Goma, où l'ONU a un temps envisagé d'évacuer le personnel humanitaire avant d'y renoncer à cause de la situation sécuritaire.

«Nous sommes à 4 km de Rutshuru centre», a de son côté affirmé à l'AFP le porte-parole des rebelles, Bertrand Bisimwa, joint par téléphone.

«Les FARDC ont relancé ce matin les combats contre nos positions. Nous sommes aussi à 16 km de Goma», a-t-il ajouté, sans que cela soit confirmé de source indépendante.

Sur la route, à une dizaine de km au sud de Kibumba, des dizaines de soldats des FARDC refluaient vers Goma dépassés par des blindés de la Monuc, a constaté un journaliste de l'AFP.

«Nous nous efforçons de sécuriser les centres urbains, la politique du CNDP qui consiste à pousser les déplacés vers les villes est inacceptable», a affirmé Mme Van der Wildenberg.

Selon elle, la rébellion a adopté depuis dimanche «une stratégie de guérilla en ouvrant de multiples fronts» afin de disperser les forces gouvernementales et de l'ONU - le CNDP a tiré lundi sur la base de la Monuc à Kibumba, blessant un Casque bleu, selon une source militaire.

M. Doss s'est aussi plaint que certains éléments de l'armée régulière aient abandonné leurs positions «sans avertir» la Monuc, parlant de «dysfonctionnements» dans leur chaîne de commandement.

Des milliers de civils continuaient mardi de fuir les combats. Une grande partie d'entre eux se sont arrêtés à Kibati, à 6 km de Goma, où se trouve un camp de déplacés de guerre.

«J'ai fui Kibumba parce qu'il y avait la guerre entre les FARDC et la rébellion», a expliqué Joséphine Kabedi, un enfant dans le dos et un dans ses bras. «J'ai fait une journée de marche sans manger».

Selon elle, les rebelles de Nkunda «sont venus lundi par une colline, frontalière avec le Rwanda» pour attaquer Kibumba.

Depuis la reprise des combats le 28 août, en violation d'un cessez-le-feu signé en janvier, Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir le CNDP, ce que Kigali dément.

À Goma, beaucoup de magasins et le grand marché sont restés fermés mardi, peu de véhicules circulaient.

La présence de la Monuc, contre laquelle des centaines de personnes ont violemment manifesté lundi à Goma lui reprochant de ne pas être assez énergique envers la rébellion, était particulièrement discrète.

La communauté internationale a lancé de nouveaux appels aux belligérants.

L'Union africaine (UA) a demandé aux parties d'«observer un cessez-le-feu», tout comme la France et la Grande-Bretagne.

Le commissaire européen au Développement Louis Michel doit effectuer mercredi une «visite d'urgence» en RDC pour évaluer les besoins.

Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a indiqué qu'il allait aider 30 000 personnes ayant fui les combats des derniers jours.

Depuis le 28 août, les affrontements dans le Nord-Kivu ont jeté sur les routes quelque 200 000 personnes de plus.