Les pays ouest-africains se retrouvent mardi et mercredi à Praia pour adopter un plan régional de lutte contre le trafic de cocaïne sud-américaine destinée à l'Europe et dont plusieurs dizaines de tonnes transitent chaque année par l'Afrique de l'ouest.

Les ministres de l'Intérieur ou de la Justice des 15 pays membres de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) vont aborder «les menaces du trafic de drogues sur la sécurité» dans la région, avant d'adopter mercredi une «déclaration politique et un plan d'action». Cette «conférence ministérielle» sera ouverte mardi matin par le président du Cap-Vert, Pedro Pires, et le chef de l'État burkinabè, Blaise Compaoré, président en exercice de la Cédéao, et s'achèvera mercredi midi.

Des représentants de l'Union européenne, de l'Organisation mondiale des douanes, d'Interpol et de pays sud-américains et asiatiques sont invités à participer à cette réunion organisée conjointement par la Cédéao et l'Office des Nations unies contre la drogue et la crime (ONUDC).

Près de 50 tonnes de cocaïne transiteraient chaque année en Afrique de l'Ouest, selon l'ONUDC.

«On a récemment remarqué un accroissement important dans l'utilisation de l'Afrique de l'Ouest pour le trafic de cocaïne venant d'Amérique du sud en direction de l'Europe et de nouveaux marchés comme le Moyen Orient, l'Arabie, la Russie et l'Afrique du sud», a déclaré à l'AFP Antonio Mazzitelli, représentant régional de l'ONUDC, à Dakar.

Selon lui, «depuis 2006, on a assisté à des saisies importantes dans tous les pays d'Afrique de l'Ouest».

Début octobre, la police judiciaire capverdienne a découvert, à Praia, plus de 170 kg de cocaïne dissimulés à l'intérieur de vieux moteurs qui devaient être expédiés par bateau vers le Portugal. Deux Capverdiens ont été arrêtés mais pas le propriétaire portugais de la société exportatrice.

À l'été 2007, 2,4 tonnes de cocaïne, d'une valeur globale de 150 milliards de francs CFÀ (228 millions d'euros), avaient été découvertes à 80 km au sud de Dakar. Le Sénégal avait fait publiquement incinérer cette énorme quantité de poudre. Au moins sept personnes- quatre Latino-américains, deux Français, une Sénégalaise - sont en détention provisoire dans cette affaire qui fait l'objet d'une «enquête internationale», selon une source proche du dossier.

«Tous les pays ouest-africains sont de plus en plus utilisés comme espaces de transit dans le trafic de cocaïne, particulièrement les pays côtiers, ceux où les forces de sécurité sont les plus faibles et ceux qui souffrent de tensions politiques intérieures et d'instabilité», indique le document de présentation de la conférence.

«Ces trafiquants de drogue se livrent aussi au trafic d'armes, de plutonium, d'espèces protégées, de bijoux et pierres précieuses, d'immigrés clandestins, de pièces détachées, de jeunes filles et de véhicules volés, pour ne citer que quelques éléments», énumère le document.

La saturation du marché nord-américain et le rôle de plus en plus important qu'y jouent les gangs mexicains ont poussé les narco-trafiquants colombiens à chercher des ouvertures en Afrique de l'Ouest notamment, estiment les experts.

Des facteurs endogènes expliquent également la montée du trafic en Afrique de l'Ouest: la faiblesse des États dont l'appareil judiciaire est généralement très poreux à la corruption, ainsi que la perméabilité de leurs frontières.

En juillet, quatre Sud-Américains avaient été arrêtés à Bissau où ils étaient arrivés à bord d'un jet contenant, selon la police, plus de 500 kg de cocaïne. Mais la cargaison avait ensuite mystérieusement disparu. Le mois suivant, les quatre suspects s'enfuyaient de Guinée-Bissau après qu'un juge leur eut accordé la liberté provisoire sous caution.