Neuf employés chinois du secteur pétrolier ont été enlevés par un groupe inconnu près de la région pétrolifère controversée d'Abyei, dans le centre du Soudan, a annoncé dimanche l'ambassade de Chine à Khartoum.

«Neuf travailleurs chinois du secteur pétrolier, trois ingénieurs et six ouvriers de la compagnie China National Petroleum Corporation (CNPC, publique) ont été capturés», a déclaré un porte-parole de l'ambassade qui s'est identifié comme M. Metwalli.

Il a précisé que l'enlèvement avait eu lieu samedi vers midi (3H00 HAE) «sur la route» et «probablement par des hommes armés».

«Nous sommes en contact avec les autorités soudanaises pour identifier et localiser les ravisseurs», a-t-il ajouté, précisant qu'une cellule de crise avait été formée à l'ambassade immédiatement après l'enlèvement.

Le ministère des Affaires étrangères soudanais a confirmé l'enlèvement, précisant qu'il est survenu dans une zone appelée «Block four» au milieu des champs pétroliers, dans l'État du Kordofan-Sud.

«Nous avons lancé une opération de recherche dans la région mais nous n'avons eu aucun contact avec les ravisseurs et nous ne connaissons pas encore leur identité», a déclaré à l'AFP Ali Youssef, directeur de protocole au ministère.

 Selon une source diplomatique à Khartoum, l'un des deux chauffeurs soudanais a aussi été capturé lors de cet enlèvement intervenu dans la zone de Heglig (Kordofan), près d'Abyei.

D'après la même source, les ravisseurs pourraient appartenir à la tribu arabe des Messaria, qui réclame une part plus importante des revenus pétroliers de la région.

Interrogé par l'AFP, le porte-parole de l'armée soudanaise, Al Sawarmi Khaled, s'est refusé à tout commentaire.

Des membres de la tribu Messaria avaient enlevé en mai dernier dans la même région quatre travailleurs indiens du secteur pétrolier.

Les quatre Indiens, qui travaillaient pour la Petro Energy Contracting Services, société qui fournit une aide technique dans le secteur de l'industrie pétrolière, avaient été finalement libérés ou étaient parvenus à s'échapper.

Des rebelles du Darfour, région occidentale du Soudan en guerre civile depuis 2003, se sont par le passé livrés à des enlèvements de ressortissants étrangers travaillant dans l'industrie pétrolière, particulièrement pour des sociétés chinoises en raison de leurs liens étroits avec Khartoum.

En 2004, deux ingénieurs hydrauliques chinois avaient été capturés par des rebelles de l'Armée de libération du Soudan (SLA) dans une région proche du Kordofan.

Trois ans plus tard, en octobre 2007, des rebelles d'un autre groupe, le Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM), avaient attaqué le vaste champ pétrolier de Defra, géré par la Greater Nile Petroleum Operation Company (GNOPC), un consortium détenu à 40% par le CNPC.

Le JEM a affirmé à plusieurs reprises vouloir cibler la Chine, en raison de son soutien à la politique du régime de Khartoum.

Depuis ses premiers accords avec Khartoum, en 1995, pour l'exploration et l'exploitation dans le Kordofan, et le sud du Darfour, la CNPC est devenue l'acteur majeur de secteur pétrolier au Soudan.

En 2011, la population doit décider par référendum si la région d'Abyei, située sur la ligne de partage entre nord et sud du pays, reste dans le Nord ou est intégrée au Sud, semi-autonome, et si le Sud doit proclamer son indépendance.

Selon une +feuille de route+ signée le 8 juin, le nord et le sud devaient déployer des unités mixtes et nommer une administration intérimaire dans cette zone, théâtre d'intenses combats en mai qui avaient fait au moins 89 morts et 30 000 déplacés.

Ces combats à Abyei avaient été considérés comme la plus grave menace pour l'Accord de paix global (CPA) signé en 2005 entre Khartoum et les ex-rebelles sudistes, qui avait mis un terme à une guerre civile de 21 ans qui avait fait plus d'1,5 million de morts.