Des navires de guerre étrangers, dont un destroyer américain, surveillaient toujours lundi au large de la Somalie le cargo ukrainien capturé par des pirates, qui exigent une rançon de 20 millions de dollars pour relâcher le bateau chargé d'armes.

 

Un navire de guerre américain «surveille activement» à vue le cargo ukrainien, selon un communiqué de la 5e flotte américaine parvenu lundi à l'AFP. Dimanche déjà, plusieurs navires de guerre étrangers encerclaient le Faina.

Le destroyer USS Howard est à portée de vue du cargo ukrainien, «qui est ancré devant le port d'Hobyo» (environ 500 km au nord de Mogadiscio), a ajouté la marine américaine, précisant que deux autres cargos capturés par les pirates étaient au mouillage dans la même zone.

La région d'Hobyo est dominée par les islamistes qui mènent depuis début 2007 une guerre acharnée contre le gouvernement somalien.

Le capitaine du Faina, Viktor Nikolski, interrogé par Radio France Internationale (RFI), a également confirmé lundi la présence de navires militaires à proximité de son cargo.

«A côté de mon bateau, à un mille marin (moins de 2 km), il y a des navires de guerre qui nous observent», a-t-il déclaré, ajoutant qu'un de ces bateaux était américain.

Le Faina, dont la cargaison de chars et d'armement est destinée à l'armée kényane, selon les autorités kényanes et ukrainiennes, a été capturé jeudi par des pirates au large de la Somalie, alors qu'il se dirigeait vers le port de Mombasa (sud-est du Kenya) avec à son bord 17 Ukrainiens, trois Russes et un Letton.

Le capitaine de ce cargo battant pavillon de Belize a confirmé lundi à RFI que l'un des membres d'équipage était décédé d'une crise d'hypertension.

«A bord, nous sommes 21 membres d'équipage, dont un homme mort. Il a été mis dans une chambre froide», a déclaré M. Nikolski. «Il était malade, il est mort d'hypertension», a-t-il précisé sans donner la nationalité de la victime.

Dimanche, un porte-parole des pirates, Sugule Ali, interrogé par l'AFP via un téléphone satellitaire, avait affirmé que l'un des otages «était décédé de mort naturelle». Il avait aussi déclaré que le cargo était encerclé par trois navires de guerre étrangers.

On ignorait lundi le pavillon des autres navires de guerre dépêchés sur la zone. Les autorités françaises, britanniques et allemandes ont toutefois indiqué qu'aucun de leur navire n'encerclait le Faina.

La Russie avait cependant annoncé vendredi avoir dépêché un patrouilleur vers les côtes somaliennes «en raison de l'intensification des attaques perpétrées par des pirates, y compris contre des citoyens russes».

La présence de navires de guerre «ne nous fait pas peur et elle ne nous fera pas abandonner le bateau ou ne nous dissuadera pas de demander de l'argent», a déjà averti M. Ali.

Les pirates réclament une rançon de «20 millions de dollars» (13,6 millions d'euros) pour libérer le cargo, une somme dix fois plus élevée que le montant habituel, vraisemblablement en raison de la nature du chargement.

«Ce que nous attendons avec impatience, c'est 20 millions de dollars, ni plus, ni moins», avait martelé dimanche M. Ali.

Les côtes de Somalie, pays en guerre civile depuis 1991, sont devenues extrêmement dangereuses ces dernières années pour la navigation en raison d'une recrudescence de la piraterie.

Selon le Bureau maritime international (BMI), au moins 55 bateaux ont été attaqués dans le golfe d'Aden et l'océan Indien depuis janvier 2008 par des pirates somaliens.

Le 22 septembre, la France a déposé devant le Conseil de sécurité de l'ONU un projet de résolution visant à mettre en place une force internationale pour escorter les navires du Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies qui amènent de l'aide cruciale à la population somalienne. Ce projet prévoit que la force puisse «attaquer» les pirates, selon une source française.