«Le monde globalisé a besoin d'une Afrique développée», a plaidé Nicolas Sarkozy lundi aux Nations unies, où il a présenté l'engagement européen d'augmenter la contribution du Vieux continent à l'aide à l'Afrique comme un «investissement».

«Le monde globalisé a besoin d'une Afrique développée. L'Union européenne, voisine directe du continent africain, a besoin du développement de l'Afrique», a déclaré le président français, qui s'exprimait lors d'une réunion sur les besoins de développement de l'Afrique, organisée à la veille de l'ouverture de la 63e assemblée générale des Nations unies à New York.

Le président français, qui assure la présidence tournante de l'Union européenne, a répété l'engagement de l'UE de consacrer 0,7% de sa richesse à l'aide publique au développement en 2015.

«Cette aide est motivée par la raison», a-t-il justifié. «L'aide au développement, c'est d'abord un investissement dans notre avenir commun». A ses yeux, ce serait une «illusion» d'envisager la prospérité de l'Europe sans travailler à former «un partenariat» entre les deux continents.

La communauté internationale s'est engagée à réaliser, d'ici 2015, les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), qui prévoient en particulier de réduire de moitié l'incidence de la pauvreté dans le monde.

«Aucun pays africain n'est dans les temps», a souligné le président français. Il a salué la croissance économique du continent, tout en expliquant qu'elle restait «théorique» pour un grand nombre d'habitants. «Il reste 70 millions d'enfants à scolariser, 900 millions de personnes (...) sont victimes de malnutrition», a-t-il rappelé.

Pour améliorer les choses, il a demandé que l'accent soit mis, au-delà de l'aide publique, sur le développement de l'agriculture et du secteur privé, qui doit, selon lui être placé «au coeur du développement». Il a aussi rappelé les «préalables politiques essentiels» que sont la paix et la sécurité.

Enfin, Nicolas Sarkozy a mis en garde contre le réendettement du continent noir, dans une attaque à peine voilée du nouveau rôle de la Chine sur le continent. «Evitons la répétition des erreurs du passé», a-t-il demandé, s'interrogeant sur les «nouveaux bailleurs» venus «d'autres continents» qui proposent une forme d'aide conduisant à l'endettement.

Dans la matinée, le président français devait aussi rencontrer le chanteur Bono, fervent militant de l'aide au développement africain.

Le président de la République, qui entend affiner aux États-Unis son analyse de la crise financière actuelle, aura également un entretien avec Timothy Geithner, le président de la Réserve fédérale de New York. Ce dernier s'est trouvé en première ligne pour gérer la déroute de la banque d'affaires Lehman Brothers, qui s'est placée lundi dernier sous la protection de la loi sur les faillites, et du géant de l'assurance AIG, qui a bénéficié d'un renflouement spectaculaire de la Réserve fédérale.

Nicolas Sarkozy, qui doit prononcer jeudi à Toulon un discours sur sa politique économique, ne s'est pas exprimé sur le sujet depuis l'aggravation de la crise la semaine passée. Lundi, il a annulé au dernier moment une brève rencontre avec la presse qui était prévue à l'issue de son discours.