Les partenariats entre l'Estrie et le Mali continuent de se multiplier. Quand ce ne sont pas les Maliens qui viennent renforcer leurs compétences ici comme c'était le cas à Saint-Camille cet été, ce sont des Estriens qui vont vivre une expérience d'échanges et de coopération internationale là-bas. Cet été encore, l'histoire d'amour initiée au début des années 90 par le Carrefour de solidarité internationale de Sherbrooke (CSI) et leur partenaire malien Kilabo s'est poursuivie par des échanges dont autant les Maliens que les Estriens ont pu bénéficier.

C'est la tête pleine d'idées pour améliorer la situation de leur village que Fanta Togola et Adama Dembélé retournent chez eux dans la brousse malienne en Afrique de l'Ouest.

 

Après 60 jours passés à Saint-Camille et en Estrie avec la collaboration de la municipalité et du Carrefour de solidarité internationale (CSI), ces deux paysans et leur accompagnateur N'dji Coumaré, de l'ONG malienne Kilabo, partent avec un bagage riche en expériences tant humaines, techniques que culturelles.

Les visites de fermes estriennes ont permis à ces Maliens d'observer des techniques agricoles qui pourront les aider à hausser la productivité de leurs champs et de leurs animaux. Ils retirent aussi des enseignements de la façon dont nous conservons le foin et utilisons le fumier d'animaux comme fertilisant.

«J'ai appris qu'il fallait miser davantage sur la qualité que la quantité de plants que nous semons dans les champs. Appliquer les techniques de semis d'ici pourrait être bénéfique chez nous. En ce qui a trait à l'élevage, je me suis rendu compte qu'il était profitable de porter un plus grand soin aux bêtes. Au lieu de les laisser dans les champs, il faut davantage les garder en enclos à l'abris des prédateurs et des voleurs», estime Adama Dembélé.

Si ce Malien de 38 ans repart avec de nouvelles techniques agricoles, Fanta Togola soutient avoir beaucoup appris sur le plan social. Elle a été marquée par une visite aux départements de maternité et de pédiatrie du CHUS.

«J'ai été impressionnée par les soins que l'on donne aux bébés. En informant davantage les femmes, nous pourrons améliorer grandement la situation des enfants», estime Fanta Togola.

La salubrité et la façon dont nous disposons de nos déchets a aussi marqué ces deux Maliens qui comptent bien appliquer quelques notions dans leur village. La faune et la flore verdoyante dans les paysages vallonnés du Québec les ont aussi marqués.

Un exemple à imiter

Même à son quatrième périple au Québec, leur accompagnateur N'dji Coumaré apprend toujours autant.

«Je reviens avec des notions sur la façon de conserver les fruits et les légumes. Au lieu que les surplus de nos fruits et légumes pourrissent, nous aurions avantage à mettre en place des façons de les conserver. C'est un aspect que nous pourrions entre autres développer dans le cadre de notre partenariat avec Saint-Camille», estime N'dji Coumaré.

Ces trois Africains, qui étaient invités dans le cadre du volet réciprocité du programme Québec sans frontières du ministère des Relations internationales du Québec, ont vécu certains chocs culturels au cours de leur séjour au Québec. La place que la femme occupe dans la société, notre rapport avec le temps et nos horaires chargés de même que les familles recomposées sont autant d'aspects culturels qui les ont plus particulièrement marqués.

«Nous devrions porter une attention particulière à la conservation de notre mémoire pour les générations futures. Nos éléments traditionnels ont tendance à disparaître avec le temps tandis que vous les conservez dans des musées. Nous devrions nous en inspirer», estime Fanta Togola.

N'dji Coumaré, Adama Dembélé et Fanta Togola repartent aussi et surtout au Mali avec l'accueil chaleureux de leurs hôtes à Saint-Camille... et le souhait que ces échanges se poursuivent encore de nombreuses années.