Le Bahreïn, le Cameroun et les Philippines ont été élus vendredi au Conseil des droits de l'homme par l'Assemblée générale des Nations unies lors d'un scrutin sans compétition jugé « ridicule » par certaines organisations de défense des droits humains.

Un tiers des sièges de cette instance de 47 membres basée à Genève étaient à pourvoir pour un mandat de trois ans (2019-2021). Une majorité de 97 voix sur les 193 pays composant les Nations unies était nécessaire pour être élu.

Tous les pays de l'ONU sont habilités à postuler au Conseil des droits de l'homme, a rappelé en début de séance la présidente de l'Assemblée générale, Maria Fernanda Espinosa Garces.

Vendredi, 18 candidats étaient en lice pour 18 postes à pourvoir. Tous ont été élus avec un nombre de voix bien supérieur à la majorité requise.

Pour la première fois depuis la création en 2006 de ce Conseil afin de promouvoir et protéger les droits humains à travers le monde, chaque région concernée par les votes s'était au préalable accordée sur les candidats, supprimant toute compétition entre États.

Bahreïn a recueilli 165 voix pour, le Cameroun 176 voix et les Philippines 165 voix. Parmi les autres candidats, l'Érythrée a obtenu 160 voix, la Somalie 170 voix et le Bangladesh 178 voix. L'élection des 18 candidats a été saluée par des applaudissements nourris en fin de séance.

Dans un communiqué, plusieurs ONG d'Europe, des États-Unis et du Canada (UN Watch, Raoul Wallenberg Center for Human Rights, Human Rights Foundation...), ont estimé que ces six pays ne sont « pas qualifiés » pour siéger au Conseil des droits de l'homme en raison de leurs faibles résultats dans ce domaine.

Crédibilité en jeu

C'était « un vote ridicule sans concurrence », a dénoncé Louis Charbonneau, de l'ONG Human Rights Watch (HRW). « De tels votes se moquent du mot "élection" », a-t-il ajouté en rappelant qu'en 2016 la Russie n'avait pas été élue à cause de l'existence d'une concurrence entre plusieurs États.

« En favorisant des pays violant les droits de l'homme et en ne présentant qu'un nombre de candidats équivalent au nombre de sièges à pourvoir, les groupes régionaux risquent de saper la crédibilité et l'efficacité du Conseil », a aussi averti HRW.

« Une fois encore, des pays affichant de piètres résultats en matière de droits de l'homme ont concouru sans opposition », a critiqué dans un communiqué l'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikki Haley.  L'absence de règles empêchant de tels pays d'être élus « continue de saper l'organisation et démontre une nouvelle fois que les États-Unis ont eu raison de s'en retirer cette année », a-t-elle ajouté.

Interrogée lors de son point-presse quotidien, la porte-parole de Maria Fernanda Espinosa Garces n'a pas répondu directement aux accusations d'élection déterminée à l'avance. « Il est clair que le monde s'attend à ce que les membres des organismes internationaux se conforment à un certain ensemble de normes de comportement conformes aux organismes pour lesquels ils ont été élus », a déclaré cette porte-parole, Monica Villela Grayley.

Parmi les 18 sièges attribués, 5 l'ont été à l'Afrique (Burkina Faso, Cameroun, Éryhtrée, Somalie, Togo), 5 à l'Asie-Pacifique (Bahreïn, Bangladesh, Fidji, Inde, Philippines), 2 à l'Europe de l'Est (Bulgarie, République tchèque), 3 à l'Amérique latine-Caraïbes (Argentine, Bahamas, Uruguay), et 3 à l'Europe de l'Ouest et autres États (Autriche, Danemark, Italie).

Les États-Unis se sont retirés en juin du Conseil des droits de l'homme de l'ONU en accusant l'institution d'« hypocrisie », notamment à l'égard d'Israël. « Pendant trop longtemps, le Conseil des droits de l'homme a protégé les auteurs de violations des droits de l'homme et a été un cloaque de partis pris politiques », avait alors expliqué Washington.