Des employés des Nations unies, dont des Casques bleus, ont fait l'objet de quelque 2000 allégations de crimes sexuels à travers le monde depuis 12 ans, selon une enquête réalisée par l'Associated Press qui démontrerait que l'ampleur de la crise est pire que ce que l'on croyait.

Plus de 300 de ces allégations concernent des enfants, a constaté l'Associated Press, mais seulement une fraction des agresseurs présumés se sont retrouvés derrière les barreaux.

La situation est très épineuse pour l'ONU, qui n'a légalement aucune juridiction sur les Casques bleus et qui doit se fier à la justice des pays dont ils sont originaires.

En Haïti, au moins 134 Casques bleus sri-lankais ont exploité neuf enfants entre 2004 et 2007, selon un rapport interne de l'ONU dont l'AP a obtenu copie. Cent quatorze Casques bleus ont ensuite été renvoyés chez eux, mais aucun n'a jamais été inquiété par la justice.

Des victimes ont raconté aux enquêteurs de l'ONU avoir parfois vendu leurs services sexuels pour moins de 1$ US ou en échange d'un peu de nourriture. Un adolescent a affirmé avoir été victime en 2011 d'un viol collectif par plusieurs Casques bleus uruguayens qui auraient filmé l'agression sur un téléphone portable.

Des cas d'agressions sexuelles possiblement perpétrées par des Casques bleus ont aussi fait surface en République centrafricaine l'an dernier.

L'avocat haïtien Mario Joseph, qui représente une dizaine d'Haïtiennes mises enceintes par des Casques bleus, a demandé quelle serait la réaction du monde si des soldats onusiens agressaient des enfants aux États-Unis.

«Les gestes sexuels décrits par les neuf victimes sont tout simplement trop nombreux pour être présentés de manière exhaustive dans ce rapport, d'autant plus que chaque victime prétend avoir eu plusieurs partenaires sexuels en différents endroits où était déployé le contingent sri-lankais à travers Haïti au fil des ans», peut-on lire dans le document onusien.

Des Casques bleus bangladais, brésiliens, jordaniens, nigérians et pakistanais sont aussi soupçonnés d'agressions sexuelles, que ce soit en Haïti ou ailleurs dans le monde.

Les données compilées par l'ONU sont toutefois incomplètes et il est donc impossible de brosser un portrait exact de la situation, selon l'enquête menée par l'AP.