Une attaque «terroriste» contre une discothèque à Istanbul a fait au moins 35 morts, endeuillant les célébrations d'un Nouvel an 2017 placées sous haute sécurité dans de nombreux pays du monde.

L'attentat tant redouté s'est produit dans une emblématique boîte de nuit stambouliote, la Reina, où au moins un assaillant déguisé en père Noël a tiré sur les personnes venues fêter le Nouvel an.

Après les multiples attentats et le coup d'État manqué l'été dernier, la Turquie avait pris d'importantes mesures de sécurité pour la soirée, avec des contrôles de police musclés et des policiers eux aussi déguisés en père Noël pour détecter la moindre anomalie au sein des foules.

Le monde a entamé sa bascule vers 2017 par un feu d'artifice géant à Sydney, avant que le Nouvel An soit célébré à travers l'Asie, le Proche-Orient, l'Afrique, l'Europe puis l'Amérique.

En 2016, à Nice (France, 86 morts) et Berlin (12 morts), des rassemblements avaient été pris pour cible par des camions béliers, dans un scénario particulièrement redouté pour cette Saint-Sylvestre.

Bagdad, Ouagadougou, Istanbul, Orlando, Bruxelles... La liste est longue des autres villes frappées par les attaques aveugles en 2016.

Merkel: appel à la «compassion»

En raison du décalage horaire, Sydney a été la première métropole à lancer le compte à rebours dans une douceur estivale: à minuit (13h00 GMT), plus de 1,5 million de spectateurs ont découvert une féérie pyrotechnique au-dessus de l'emblématique baie et de son opéra.

À Tokyo, des ballons ont été lâchés par milliers alors qu'à Séoul, un demi-million de Coréens ont choisi de manifester, bougies à la main, pour réclamer le départ immédiat de la présidente destituée Park Geun-Hye.

À Rome, le pape François a plaidé, lors des Vêpres, en faveur des jeunes: «Si nous voulons viser un avenir qui soit digne d'eux, nous ne pourrons l'atteindre qu'en pariant sur une vraie inclusion», notamment par le «travail».

Sur tous les continents, la sécurité est au coeur des préoccupations.

Jakarta a ainsi affirmé avoir déjoué un projet d'attentat jihadiste à Noël. Et Israël avait diffusé vendredi une mise en garde contre des risques «immédiats» d'attentats susceptibles de viser des touristes, notamment israéliens, en Inde.

À New York, quelque 7000 policiers ont été déployés et des dizaines de camions-poubelle ont été placés à des endroits «stratégiques» pour empêcher tout véhicule d'écraser la foule. Un million de personnes étaient attendues pour la traditionnelle «tombée de la boule» sur Times Square à New York.

À Berlin, blocs de béton et véhicules blindés avaient aussi été placés aux abords de la Porte de Brandebourg, au-dessus de laquelle un feu d'artifice a été tiré, alors que Angela Merkel a appelé les Allemands à la «compassion» et la «cohésion» face aux «assassins remplis de haine».

Deux Nouvel An à Chypre

À Paris, après un Nouvel An 2016 endeuillé par les attentats du 13 novembre 2015, un demi-million de personnes étaient attendues, notamment pour le feu d'artifice sur les Champs-Elysées.

«Nous n'en avons pas terminé avec le fléau du terrorisme», avait  déclaré quelques heures plus tôt le président français François Hollande dans ses voeux télévisés.

À Moscou, la Place Rouge avait été fermée au grand public et son accès limité à 6.000 invités. Les «difficultés» de 2016 «nous ont permis de nous rassembler», a estimé le président Vladimir Poutine dans ses voeux.

À Nicosie, capitale de l'île méditerranéenne de Chypre divisée depuis 1974, plusieurs dizaines de personnes ont profité du décalage horaire entre les parties nord et sud pour célébrer deux fois le passage à 2017. «Une sorte de protestation pacifique», a expliqué dans un clin d'oeil Michalis Tsiknakis, l'un des organisateurs de l'événement.

En Tunisie, unique pays rescapé du Printemps arabe d'il y a six ans, le président Béji Caïd Essebsi s'est efforcé lui de délivrer des voeux «optimistes». «2017 sera l'année du décollage», a-t-il assuré.

À Rio, plus de deux millions de personnes étaient attendues sur la plage de Copacabana. Mais, crise oblige, le feu d'artifice sera légèrement écourté.

L'Amérique sera le dernier continent à basculer dans cette nouvelle année qui s'annonce pleine d'inconnues, avec notamment l'arrivée à la Maison-Blanche du républicain Donald Trump, qui a souhaité sur Twitter une bonne année «à tous, même à (ses) nombreux ennemis».

Incertitude aussi sur l'issue du conflit en Syrie dont l'onde de choc se propage depuis près de six ans au-delà du Proche-Orient et où un cessez-le-feu partiel vient d'entrer en vigueur.

27 morts à Bagdad

«Les deux dernières années, je ne suis pas sorti pour la nouvelle année. Cette fois-ci, je vais faire la fête», a lancé Abdel Wahab Qabbani, un étudiant d'Alep âgé de 20 ans, déterminé à aborder 2017 avec optimisme.

Du côté de l'Irak, la capitale, Bagdad, a été elle frappée par un double attentat suicide, qui a fait au moins 27 morts.

Mais les Irakiens voulaient pourtant célébrer la nouvelle année. «Cette nuit est à la fête... Tout le monde peut faire ce qu'il veut et tout le monde s'en moque. Nous avons besoin d'une nuit comme celle-ci, l'Irak en a besoin», a confié Fadhel al-Araji, un jeune Irakien de 21 ans.

Cette aspiration à la paix est vive aussi en Colombie, après l'accord signé entre les autorités et la guérilla des Farc (marxistes), afin de mettre fin à plus de 52 ans de confrontation armée.

À Vegaez, en pleine forêt tropicale, dans le nord-ouest de la Colombie, Johana Martinez et Fabio Grinon, deux guerilleros des Farc, se réjouissaient eux de revoir leur fils de douze ans.

«Nous sommes heureux de l'avoir à nos côtés. Qu'il réalise qu'il a encore ses parents et qu'ils sont vivants et que nous pouvons partager avec lui», a expliqué Fabio, dans cette zone de rassemblement où les guérilleros doivent déposer les armes.