La Bulgarie est devenue il y a quelques jours le troisième pays européen à légiférer pour interdire le port de la burqa ou du niqab dans l'espace public, témoignant du caractère sensible de la question sur le continent européen et au-delà. Ainsi, 50 des 198 pays et territoires faisant l'objet d'une récente étude du Pew Research Center disposaient en 2012-2013 de lois balisant directement ou indirectement le port de vêtements religieux par les femmes, que ce soit sur le plan local, régional ou national. Les trois quarts des pays et territoires en question avaient des lois restreignant le port de tels vêtements, alors que le quart d'entre eux avaient des lois les imposant. Dans la majorité des cas, ce sont des musulmanes qui se voient ciblées.

EUROPE

Les lois visant à limiter le port de vêtements religieux par des femmes sont particulièrement répandues en Europe. Pas moins de 18 des 45 pays examinés par le Pew Research Center, soit 40 %, disposaient de mesures de ce type en 2012-2013. La France - qui avait introduit en 2004 une loi sur les signes religieux empêchant le port du hijab à l'école - a adopté en 2010 une autre loi ayant pour effet d'interdire le port de la burqa et du niqab dans l'espace public. La Belgique a introduit en 2011 une loi du même acabit. La Norvège vient d'annoncer pour sa part qu'elle entendait interdire la burqa et le niqab dans les établissements d'enseignement.

MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD

Dans ces régions, les chercheurs du Pew Research Center ont identifié quatre pays qui restreignaient le port de vêtements religieux en 2012-2013 et quatre pays qui l'imposaient. L'Égypte a longuement interdit, notamment, le port du hijab par des agentes de bord du transporteur national, mais ces restrictions ont été revues en 2012 après l'arrivée au pouvoir du gouvernement islamiste de Mohamed Morsi. Oman permet le port du hijab pour les photos officielles, mais non de la burqa ou du niqab. L'Arabie saoudite exige que les femmes qui circulent en public portent une abaya, robe longue et ample qui couvre l'ensemble du corps à l'exception des pieds, des mains et du visage.

AFRIQUE SUBSAHARIENNE

Des lois ou des règlements limitant le port de vêtements religieux par les femmes ont été recensés dans cinq pays de la région, incluant le Mozambique, qui interdisait en 2012-2013 le port du voile lors de la prise de photos destinées à des documents officiels. Le port de vêtements religieux dissimulant le visage était aussi interdit dans les écoles. Les écoles gouvernementales au Kenya imposaient des restrictions similaires. À l'inverse, des lois imposant formellement le port du voile intégral en public ont été recensées en Somalie, dans les zones contrôlées par des miliciens islamistes.

ASIE-PACIFIQUE

Dans cette région, 11 des 50 pays examinés disposaient de lois ou de mesures restreignant le port de vêtements à caractère religieux, alors qu'une demi-douzaine cherchaient plutôt à imposer de telles tenues. En Indonésie, pas moins de 79 règlements locaux rendaient le port du hijab obligatoire en 2013, alors que l'Iran obligeait les femmes à cacher leurs cheveux et à porter des vêtements amples en public. En Inde, des écoles ont empêché des enseignantes et des élèves musulmanes de porter le hijab en évoquant un code vestimentaire favorisant une certaine uniformité. Singapour interdisait aussi à certaines employées de la fonction publique, notamment des infirmières et des employées d'école, de le porter au travail.

LES AMÉRIQUES

L'étude du Pew Research Center indique qu'un seul pays - le Canada - imposait formellement des restrictions à ce sujet en 2012-2013. Les chercheurs évoquent notamment l'obligation pour les femmes de montrer leur visage lors des cérémonies de citoyenneté. Depuis, une Ontarienne qui réclamait le droit de porter son niqab lors d'une telle cérémonie a obtenu gain de cause devant les tribunaux, et l'appel subséquent a été abandonné par les libéraux. L'étude évoque aussi la décision d'un juge ontarien précisant qu'une femme musulmane témoignant dans une affaire d'agression sexuelle devait retirer son niqab. La Cour suprême a statué dans ce dossier que les tribunaux devaient décider au cas par cas en considérant plusieurs facteurs.