Le Conseil de sécurité a décidé vendredi de déployer progressivement 228 policiers de l'ONU au Burundi pour tenter de ramener le calme et de faire respecter les droits de l'homme.

Aux termes d'une résolution proposée par la France et adoptée par le Conseil, ces policiers seront envoyés à Bujumbura et dans tout le Burundi «pour une période initiale d'un an». Leur mission pourra être prolongée ou modifiée si la situation empire.

Absence du Burundi au Comité contre la torture

Le Burundi a causé la surprise aujourd'hui à Genève en ne se présentant pas aux audiences du Comité contre la torture des Nations unies, où il était attendu pour une deuxième et dernière journée. 

« Apparemment, c'est sans précédent », a confié à La Presse Carina Tertsakian, responsable du Burundi à l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch qui est sur place.

« Il y a déjà eu quelques cas où des gouvernements [convoqués] ne se sont pas du tout présentés, a-t-elle expliqué, mais là ce n'est pas le cas pour le Burundi car hier, la délégation burundaise était présente. »

La délégation burundaise, menée par la ministre de la Justice Aimée Laurentine Kanyana, avait essuyé hier des « questions dures, très précises, très pointues » de la part des membres du Comité, selon Mme Tertsakian, qui a qualifié la séance de « très musclée ».

Dans une lettre lue par le secrétaire du Comité, Patrice Gillibert, la délégation burundaise a expliqué son absence notamment par le fait que le Comité avait soulevé des questions qui n'avaient « pas été soumises à l'avance » et qu'elle avait « besoin de temps pour apporter des réponses et des preuves », qualifiant l'exercice de « contre-productif ».

Le porte-parole du président du Burundi, Willy Nyamitwe, qui se trouve en ce moment au Québec, a indiqué à La Presse être « en contact » avec la délégation burundaise à Genève et affirmé qu'il réagirait plus tard.

Bujumbura comparaissait depuis hier devant le Comité contre la torture des Nations unies dans le cadre d'un examen spécial, une mesure rare. « Le Comité n'a utilisé cette procédure qu'à deux reprises par le passé - pour Israël en 1997 et pour la Syrie en 2012 », a expliqué l'organisation dans un communiqué, précisant y avoir recours en raison « d'informations sur la détérioration de la situation des droits de l'homme dans le pays. »